par Georges Charles
Vendredi 2 septembre
Écolo sì, ma non troppo ; 16e partie, l’agriculture urbaine écologique à Cuba, faire de nécessité vertu
Au début des années 1990, Cuba avait perdu le soutien économique de l’URSS, empire en voie de désagrégation. En cinq ans, le PIB cubain baissait de 35 % et le pouvoir d’achat de 50 %. Faute de pétrole et de fertilisants que le " grand frère " soviétique ne fournissait plus, le secteur agricole s’était effondré.
Poussés par la faim, les Cubains se mirent à semer et à planter. Dans les villes, 400 000 exploitations (chiffres de 2015) fournissent des fruits et des légumes, grâce à des engrais et insecticides bio. À La Havane, agglomération de deux millions d’habitants, 35 000 ha sont en production, suffisamment pour couvrir la moitié des besoins alimentaires en fruits et légumes. Dans ces fermes citadines, les tracteurs ont été remplacés par des boeufs.
Deux catégories d’exploitation : les huertos intensivos (jardins intensifs, l’équivalent des jardins familiaux) et les organopónicos, des fermes coopératives. L’objectif premier de ces plantations n’est pas de faire négoce, mais d’alléger la part de l’alimentation dans le budget des familles. L’État fournit semences, bio-fertilisants, outillage, matériel d’irrigation et conseils techniques ; en retour, il perçoit 20 % des récoltes, qui sont répartis dans les écoles, les hôpitaux et les maisons de retraite. Les 80 % restants peuvent être vendus, à des tarifs plafonnés. Les nouveaux cultivateurs s’y retrouvent-ils ? Ils consomment des produits frais et gagnent trois fois plus que lorsqu’ils étaient salariés de l’État.
À l’ombre des immeubles de Santa Clara, à l’est de La Havane, sur un ancien terrain vague, poussent épinards, laitues…
Le rêve des écologistes serait-il devenu réalité à Cuba ? Cette" révolution verte ", née de la nécessité et non d’un choix démocratiquement débattu dans la population cubaine, n’est rien d’autre qu’une solution marchande dans le cadre d’une société étatisée. Resterat-elle valable, en cas de changement du contexte économique ? Aujourd’hui encore, Cuba importe environ 70 % de son alimentation.
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