6.6.17

Chroniques de Mai 2017

par Georges Charles

Lundi 1er Mai

« En passant par la Lorraine » ; 1ère partie, " Lorrainitude " 

Mes derniers voyages dans l’Est datent de quelques années : entre 2010 et 2012. À défaut d’y revenir dans l’immédiat, le temps est peut-être venu d’exprimer ce qu’il peut y avoir en moi de " lorrainitude ", qui n’est pas à confondre avec une supposée " identité lorraine ".



Dans les colonies de vacances des années 1950, notamment dans les Vosges, cette chanson accompagnait parfois nos randonnées ; extraits :

En passant par la Lorraine, 
Avec mes sabots,
En passant par la Lorraine,
Avec mes sabots,
Rencontrai trois capitaines,
Avec mes sabots,
Dondaine, oh ! Oh ! Oh !
Avec mes sabots.


La mélodie et les paroles de cette chanson évoquant la Lorraine seraient originaires de… Bretagne et remonteraient au XVIe siècle. Sous la Troisième République, cette chanson avait été modifiée pour être mise au service du gouvernement qui voulait que l’école publique dispose d’un répertoire de chansons à connotation patriotique. En revenant de Rennes (ou En passant par la fontaine) fut détourné en En passant par la Lorraine, pour rappeler la région perdue contre la Prusse en 1871.
 

Je relis Dominique Manotti, Lorraine connexion, paru en 2006 ; l’histoire d’une usine de fabrication de tubes cathodiques du coréen Daewoo en voie de délocalisation de la Lorraine vers… la Pologne, dans le contexte spécifique du rachat de Thomson CSF en 1996 où s’étaient affrontés Matra allié à Daewoo d’une part, Alcatel d’autre part (1).


Je vois le film de Régis Sauder, Retour à Forbach. Trente ans après avoir quitté sa ville natale, le réalisateur y revient, avec sa caméra, durant la campagne des municipales de 2014 où le candidat FN Florian Philippot était arrivé en tête au premier tour. Retour mélancolique où il cherche à comprendre comment sa ville, vidée de sa mémoire et de ses lieux de vie, s’en remettait par désespoir à des extrémistes.

Et maintenant Zone blanche, une série française sur France 2 depuis avril dernier, tournée dans les Hautes Vosges, autour de Gérardmer (2), Villefranche, un bled paumé à la Twin Peaks, " zone blanche " car le réseau téléphonique ne passe pas, où le taux d’homicide est six fois supérieur à la moyenne nationale. On ne s’échappe pas de l’immersion dans cet univers de sapins géants, le personnage principal.



1- « Le franc symbolique », c’est à ce prix dérisoire qu’Alain Juppé, alors premier ministre, s’était dit prêt à céder ce fleuron national des technologies au coréen Daewoo.
 2- Background vosgien, on repense aux Grandes Gueules (1965) de Robert Enrico.


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