15.6.11

Journal de mai 2011

par Georges Charles

Vendredi 6 mai
 
Les magasins de décoration et de bricolage…je ne les avais jamais pratiqués avec une telle intensité. Dans les rayons, notamment ceux des babioles, gadgets et autres ustensiles plus ou moins utiles (mais tellement " sympas ", " trop mignons " ; « c’est chouette, chéri, tu ne trouves pas ? »), je suis porté par une musique douce qui rend bêtement euphorique et donnerait presque envie d’acheter tout ce qui tombe sous la main ; « eh hop, dans le caddie ! C’est pas beau, la vie ? » Au crépuscule, à l’heure de l’angoisse du nourrisson, je tourne et vire dans les pièces ; je me plante devant la porte-fenêtre qui donne sur la ville. « Voilà quelle est ma vie ; voilà le monde que je me suis créé ! C’est ça que je voulais ? » Serais-je un homme parvenu à destination ?



9.6.11

Journal de Mai 2011 : Cuba

par Georges Charles

Lundi 9 mai

A environ 10 000 mètres au-dessus de l’Atlantique, je termine la lecture du Traité d’athéologie, de Michel Onfray, paru en 2005. 

Certes, il était temps de le lire. Pour la formulation de cette évidence, à laquelle j’adhère depuis longtemps : les religions du Livre sont des univers mortifères. Les gens très pieux, les dévots sont, dans leur grande majorité, des défenseurs des ordres établis, quel qu’ils soient. 

Rendre à César… Bien, tout ça, je le savais. Je vais préférer les romans, qui eux, sauront m’emporter sur leurs ailes. 

Une affinité, parmi tant d’autres, avec mon ami Georges, cette boulimie de lecture pendant les voyages. Comme d’habitude, nous serons accompagnés du dernier John Le Carré, Un traître à notre goût. 

La Havane. Hôtel Melia Cohiba, Paseo y Malecon, comme en janvier dernier. 

L’organisation du séjour est cette fois différente ; nous sommes en compagnie d’un couple franco-cubain, lui Français, elle Cubaine, originaire de Pinar del Rio. Grâce aux eux, nous entrons mieux dans la connaissance du pays.

Grand Est (1ère partie)

par Georges Charles

Mardi 19 avril

Au programme : Toulouse, Figeac, Aurillac, Paray-le-Monial,Beaune, Domrémy, Sion, Remiremont, Epinal, Cluny, Thonon, Le Puyen-Velay, Mende, Millau, Albi, Toulouse. 

Première surprise dans cet itinéraire : le lieu où je me rends,Boisset, Cantal, entre Maurs et Aurillac, me conduit à parcourir une étape archi-connue : Toulouse-Villeneuved’Aveyron, commune de résidence de ma belle-famille. A raison d’une visite par mois en moyenne, en 30 ans, cela donne au moins 360 fois trajets aller et retour ! J’en connais chaque tronçon et je conduis en pilotage automatique. 

Le soir au lieu-dit " Sparadou " ; la ferme est située au sommet d’une colline qui domine un large panorama piqueté de lumières. Avec mon ami Bernard, agrégé d’histoire et de géographie, nous évoquons la fameuse " fracture territoriale " et notamment la " diagonale du vide ". 

La diagonale du vide, ou diagonale aride (terminologie inventée par la DATAR dans les années 1980) est une large bande qui coupe la France en biais, du nord-est au sud-ouest, allant des Ardennes aux Hautes-Pyrénées, de Charleville-Mézières à Bagnères-de-Bigorre. Les densités de population y sont très faibles par rapport au reste de la France ; le déclin des activités traditionnelles a vidé peu à peu ces pays de leur population, avec l’exode rural des XIXe et XXe d’abord, par le phénomène de métropolisation en faveur des zones denses, dans la deuxième moitié du XXe, ensuite.




Grand Est (2ème partie)

par Georges Charles

Jeudi 21 avril

Mes déplacements me portent aux confins des Vosges, de la Meuse et de la Meurthe-et-Moselle. Domrémy-la-Pucelle, Sion-Vaudémont.  50 kilomètres les séparent. 

Lorsqu’elles entrent en interaction, l’histoire et la géographie donnent à certains sites le statut privilégié et emblématique de " lieux de mémoire ", marque-pages du roman national. Le village de Domrémy et la colline de Sion, la sainte et le chantre, Jeanne d’Arc et Maurice Barrès. 

Faut-il rappeler la " saga " de Jeanne, dite La Pucelle d’Orléans ? Allons-y ; cette chronique sera nationale ou ne sera pas ! 

À treize ans, elle affirme avoir entendu les voix célestes des saintes Catherine et Marguerite et de l’archange saint Michel lui demandant d'être pieuse, de libérer le royaume de France de l’envahisseur et de conduire le dauphin sur le trône. À dix-sept ans, elle se " met en route ". Robert de Baudricourt, capitaine de Vaucouleurs, accepte de lui donner une escorte. Portant des habits masculins, elle traverse incognito les terres bourguignonnes et se rend à Chinon où elle est autorisée à voir le dauphin Charles.

Journal d'Avril 2011

par Georges Charles

Vendredi 1er avril

Je range les choses de ma vie dans des cartons… livres, vêtements, linge, bibelots, ustensiles, vaisselle ; des émotions lorsque certains objets sont attachés à une histoire particulière.

Noblesse de la culture oblige, j’ai commencé par les mètres linéaires des bibliothèques dispersées dans l’appartement. Retrouver, lourds de poussière, quelques vieux bouquins datant du début de ma carrière de lecteur, des rescapés du prix d’excellence de la sixième moderne en juin 1958 comme celui-ci, Alger, deuxième ville de France (c’était vrai, à l’époque) . Des ouvrages " marxisants ", à la mode dans les années 1970. Louis Althusser et sa fameuse " coupure épistémologique "entre le jeune Marx des Manuscrits de 1844 et le Marx de L’Idéologie allemande et du Capital. Simon Leys réveillant les maoïstes béats en dessinant Les Habits neufs du président Mao. Souvenirs, souvenirs. 

Les cartons de livres, de dossiers, de revues, seront de faible volume ; j’ai pensé au confort de ceux qui vont m’aider à trimballer tout ça, de mon ancien domicile au nouveau. Le livre est parfois un bel objet ; le graphisme de la couverture contribue au charme, mais son papier pèse des tonnes ! Scannés, le contenu de ces cartons représenterait au maximum quelques centaines (milliers?) de giga-octets.