10.8.11

Journal de Juillet 2011

par Georges Charles

Jeudi 7 juillet

L’explosion en vol (en vol plané) de l’ex-futur candidat socialiste Dominique Strauss-Kahn (DSK pour les intimes qui se comptent désormais en millions, voire en milliards), est un épisode " douloureux " de la saga du courant social-démocrate dans la gauche française en général et au Parti socialiste en particulier.

La social-démocratie, ou socialisme réformiste de gouvernement, est indissociable de l’histoire contemporaine de l’Allemagne, des nations scandinaves et du Benelux. Elle a été la force décisive qui a modelé le paysage social européen depuis 1945. Elle a relativement bien fonctionné dans le cadre d’états-nations, où le poids du marché intérieur était prépondérant, et même dans celui d’une construction européenne à petits pas, disons de 1960 au début des années 90.
La social-démocratie européenne paie aujourd’hui le prix de sa réussite ; c’est même son drame : ses acquis sont désormais le bien commun.
Pourquoi la France n’a-t-elle pu ou su connaître son "moment social-démocrate"? Il paraîtrait que, dans notre pays, certaines conditions (nécessaires mais non suffisantes, comme on dit en mathématiques) n’étaient pas réunies, notamment l’existence d'un mouvement syndical réformiste puissant en nombre d’adhérents et la conduite d’une politique sociale fondée sur le dialogue constant entre parties prenantes (salariés, actionnaires, managers, clients) pour trouver de concert la meilleure solution, c’est-à-dire celle qui protège au mieux les intérêts de chacun à long terme mais qui implique que chacun soit prêt à faire des sacrifices à court terme.
En France, le fétichisme de l’'État fait de celui-ci le " grand organisateur du social "; il prive les partenaires sociaux de leur légitimité et les citoyens doivent attendre plus de la loi que de la négociation pour voir leur condition s’améliorer. La social-démocratie s’accommode mal d’un état fort et interventionniste. De plus, notre pays a connu un décalage politique dans le temps par rapport à ses voisins du Nord. Les gouvernements de ces derniers ont été très souvent social-démocrates de la fin de la guerre aux années 80.
En France, la gauche a trouvé son apogée avec Mitterrand dans les années 80, à contre-cycle de ce qui se passait ailleurs en Europe et dansle monde, avec le grand retour de balancier de la droite libérale et l’essoufflement de l’élan social-démocrate.