7.5.13

Chroniques d'Avril 2013

par Georges Charles

Mercredi 3 avril

L’effet que produisent les livres reste quelque chose de mystérieux. C’est avec regret que je termine la lecture des Bienveillantes, commencée le 18 mars dernier. Récit de la spectaculaire descente aux enfers du lieutenant-colonel Maximilien Aue, au rythme de l’effondrement de l’Allemagne national-socialiste. La qualité littéraire, l’intensité des événements, l’épaisseur des personnages, tout contribue à provoquer une totale sidération. Le roman le plus puissant que j’ai lu ces dernières années.

Au passage, cette " explication " de l’Holocauste par une grande ressemblance, voire une symétrie, entre les Allemands (au sens d’Allemands aryens) et les Juifs. Dit autrement, les Allemands auraient une " dette " envers les Juifs : « Toutes nos grandes idées viennent desJuifs. Nous devons avoir la lucidité de le reconnaître. » Parmi ces idées, on retrouve l’idéologie völkisch, ethnique : « la Terre comme promesse et comme accomplissement, la notion de peuple choisi entre tous, le concept de pureté du sang. Or, pour les Nazis, il ne pouvait y avoir deux peuples élus. 


 Lorsque le roman s’ouvre en juin 1941, l’officier SS accompagne les victoires éclair de l’armée allemande en Ukraine et en Biélorussie. Le récit s’achève le 2 mai 1945 à Berlin où, dans les dernières heures du III e Reich, au milieu des décombres (le centre-ville est détruit à 70%), cet officier relit L’éducation sentimentale de Gustave Flaubert…



Le cas Cahuzac ? Un ministre du Budget accusé de blanchiment de fraude fiscale ? Rien d’autre qu’une édifiante illustration de la " division du sujet ", concept psychanalytique lacanien bien connu.

L’argent, c’est comme l’intelligence, caché et néanmoins toujours présent.