14.2.08

A Saint-Aunès, l'électricité sort du parking


L'idée de Georges se concrétise :

En périphérie de Montpellier, le centre commercial Leclerc se dote d'ombrières-panneaux solaires

De drôles de structures en bois sortent de terre depuis une quinzaine de jours, sur le parking du centre commercial Leclerc à Saint-Aunès (Hérault). Comme deux ailes déployées, barrées de poutres, à 8,5 mètres de haut, en rangées régulières. Il y en aura douze au total, supportant 5 472 panneaux solaires. Chaque structure est une ombrière : elle servira à protéger les véhicules garés du soleil. 456 panneaux solaires par ombrière, produiront de l'électricité : 95,76 kilowatt-crête, soit 1149,1 kWc au total.

L'idée est d'une simplicité folle, encore fallait-il y penser. Georges Parnot, Pdg du centre Leclerc Saint-Aunès, a eu une première révélation en Italie. « A Remini, tous les parkings des centres commerciaux ont des toiles tendues sur des structures métalliques, pour protéger du soleil. »

Le PDG est séduit, lui qui tente, en vain depuis quinze ans, de faire pousser des arbres sur le parking de Saint-Aunès. Le système d'ombrière paraît idéal. Et lorsqu'en novembre 2006, Georges Parnot voit le film de Al Gore sur le réchauffement climatique, « un second déclic s'est produit. » Pourquoi ne pas utiliser des panneaux solaires pour ombrières ?En ces temps où l'environnement est au centre des préoccupations publiques et politiques, l'idée semblait facile à mettre en oeuvre. Il s'agira plutôt du parcours du combattant pour Georges Parnot.

« J'ai rencontré plusieurs spécialistes et monté un dossier. J'ai toujours aimé maîtriser tout ce que j'entreprends. EDF me proposait un projet clé en main mais cela ne m'intéressait pas. J'ai donc créé ma SARL. » Il s'entoure de jeunes travaillant déjà sur les énergies renouvelables et le 11 avril 2007, il rencontre la Drire. « Pour moi, tout allait avancer rapidement, mais cela représentait un des plus gros centres de production en France avec 1 700 000 kilowatts heure par an. Il a fallu passer par Paris », explique en substance Georges Parnot.

Le dossier est envoyé au ministère, géré à l'époque par Alain Juppé, mais sa démission retardera l'avancement du projet. « Tout était bloqué, personne ne prenait de décision. J'ai sollicité le député de ma circonscription et nous sommes montés ensemble à Paris, quand M. Borloo a pris la relève. » Enfin, les choses se débloquent. Les premiers travaux sont lancés. Ils devraient s'achever fin mai, et le branchement intervenir le 31. Le courant produit pourrait servir à couvrir 30 % des besoins du centre commercial. « Mais ce n'est pas du courant alternatif, il faut un énorme transformateur et un onduleur pour l'utiliser. » L'énergie sera en fait vendue à EDF par la SARL de Georges Parnot, "Energie+".

Cette opération représente un investissement de plus de 6 M€. La Région offre une subvention de 150 000 €. « J'ai droit à des aides au niveau fiscal », souligne le PDG. Oeuvrer pour l'environnement ne doit pas signifier perdre de l'argent. Et pour que les clients acceptent de bonne grâce les travaux, peu gênants à vrai dire, des affiches ont été apposées expliquant la nature des aménagements et spécifiant même que cela permettra au consommateur de faire des économies : « Si la voiture ne chauffe pas au soleil, elle a besoin de moins de climatisation en repartant... » Georges Parnot n'a rien laissé au hasard. Et il entend bien, lorsque la retraite sonnera dans un an, s'occuper encore de cette nouvelle société. Les énergies renouvelables sont pleines d'avenir.

Salima NEKAA

Article paru dans le" Midi Libre", du 12 février 2008.