6.4.20

Chroniques de Mars 2020

par Georges Charles

Dimanche 1er mars

Les élections municipales ; 1 ère partie, le maire, la maire (1) ; notre père ou notre mère à tous ?
 
La campagne électorale des municipales bat son plein. Ce contexte et mon expérience professionnelle à la mairie de Toulouse me donnent quelque légitimité à traiter du thème suivant : la popularité des élus et notamment des maires.
 
Les sondages sur le sujet font souvent apparaître que, pour les Français, le maire serait l’élu le plus populaire. Ils seraient 63 % à le plébisciter, le jugeant compétent (67 %), honnête (67 %) et dynamique (64 %), selon un sondage Odoxa-CGI pour France Info publié en octobre dernier. 78 % des personnes interrogées estimeraient que ce sont les maires qui comprennent le mieux leurs préoccupations au quotidien, contre 5 % pour les conseillers départementaux, 4 % pour les conseillers régionaux, députés nationaux et sénateurs ; le chiffre tombe à 3 % pour le président de la République et 1 % pour les députés européens... Ces résultats ne sauraient être une surprise ; on attend bien d’un maire qu’il soit plus proche du quotidien des gens qu’un député européen !!!
 
Instituts de sondage, journalistes et responsables politiques devraient cependant se garder d’en tirer des conclusions erronées. À la différence des députés nationaux et européens, sénateurs, conseillers départementaux et régionaux qui, chacun, exerce des compétences comparables (en d’autres termes, un député a le même pouvoir qu’un autre député), les maires exercent le même mandat dans des contextes totalement différents. Qu’y a-t-il de commun entre un maire d’une commune de 50 habitants et celui d’une commune de 500 000 habitants ? Peut-on les aimer du même " amour " ? Si les Français sont 63 %  plébisciter leur maire, cette appréciation monte à 68 % chez ceux qui résident dans des communes de moins de 2 000 habitants et décroît dans les grandes agglomérations.

Un élu de proximité, maire, adjoint, conseiller municipal, c’estquelqu’un que l’on rencontre parfois en allant acheter son pain, si l’onréside dans une commune petite ou moyenne ; c’est quelqu’un que l’onpeut solliciter, féliciter, questionner, interpeler, parfois même agresser (2).
 
Par contre, les élus municipaux des grandes villes peuvent en majoritédéambuler dans les rues sans risquer d’être reconnus, ce qui doit peut êtr een chagriner certains.Pourquoi les Français, si prompts au " dégagisme " lorsqu’il s’agit d’élus nationaux, expriment-ils une tendresse affectueuse et fidèle à desmaires accrochés à leur fauteuil comme une moule à son rocher même lorsque, pour diverses raisons, leur fin de règne s’avère piteuse, voire calamiteuse ? Que l’on songe au maire de Bordeaux, Jacques Chaban- Delmas (1947-1995)  (3) , à Serge Dassault à Corbeil-Essonnes (1995-2009), à Jean-Claude Gaudin à Marseille (1995-2020), à Patrick Balkany à Levallois-Perret (1983-1995, 2001-2019). De ce dernier, cette parole d’expert : « tous les maires ne rêvent que d’une chose, mourir dans leur fauteuil. »
 
Dans mon immeuble, nous sommes 300 résidents permanents. En France, 13 218 communes sur 34 906, soit près de 38 %, ont moins de 300 habitants, ceci dit sans vouloir comparer l’activité et les responsabilités d’un conseil syndical de copropriétaires, aux compétences modestes, avec celle d’un conseil municipal.


(1) En mars 2020, sur 34 906 communes, seules 5 906 sont administrées par des maires de sexe féminin.

(2) De récents faits divers ont montré que, dans de petites communes, le maire pouvait être blessé, voire tué alors qu’il ne faisait que rappeler le respect de la loi.
 

(3) Plus fidèles à leur maire que les électeurs bordelais ? Personne ! Deux seulement en 72 ans, de 1947 à 2019, Chaban-Delmas puis Juppé, toujours élus au premier tour !


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