26.11.20

Histoire des attestations de déplacement

 Ci-jointe, la copie d'une attestation dérogatoire de déplacement dans le Gard datée… de 1720 en pleine épidémie de peste.

Nous avons pris l’habitude de remplir une attestation de déplacement dérogatoire pour sortir faire les courses, promener le chien ou aller travailler, conformément aux mesures restrictives de confinement qui doivent limiter la propagation de l’épidémie de Covid-19.
Aussi inhabituelle que cette situation puisse nous paraître, elle n’est pourtant pas inédite. La preuve avec cette attestation de déplacement datée du 4 novembre 1720 !
Elle autorise le déplacement d’un certain Alexandre Coulomb, consul dans le Gard, pour rejoindre la ville de Blauzac depuis Remoulins dans le Gard, dont les armes ornent le haut de la feuille. Et atteste qu’il n’y a dans ce lieu, “aucun soupçon de mal contagieux”.
Pas de Covid-19 à l’époque, mais une épidémie de peste partie en 1720 du port de Marseille, qui fit plus de 100 000 morts. 

J'ai même lu dans un article que les contrevenants étaient passibles de la peine de mort, mais je n'en ai aucune preuve. Quelqu'un aurait-il plus de renseignements ?

 “Les épidémies de peste et de choléra sont endémiques à cette époque”, raconte Jérémie Ferrer-Bartomeu au HuffPost. “L’encadrement médical était très faible, donc il n’y avait pas d’autres choix que d’interdire les déplacements. On a même tenté de confiner la ville de Marseille, comme l’évoque Marcel Pagnol dans Les Pestiférés.”

Petit rappel historique : 

Une terrible épidémie de peste qui touche Marseille en 1720

A l’époque, alors que la peste sévit depuis le VIème siècle autour de la Méditerranée, un système de patentes permet de contrôler les navires à l’entrée du port de Marseille. La ville est dotée d’une organisation sanitaire complexe. Son bureau de santé permet d’identifier et d’isoler hommes et marchandises suspects. La cité phocéenne se sent alors protégée. 

Malheureusement, suite à une série de négligences, un navire, le Grand-Saint-Antoine, se voit autoriser à débarquer ses cales pleines de soieries alors que sept matelots et le chirurgien de bord ont péri en route. Malgré ces décès inexpliqués, le Grand Saint-Antoine échappe à la quarantaine en cette fin du mois de mai 1720. La peste débarque sur le Vieux-Port. Et en quelques semaines le fléau se répand dans la ville en semant la terreur sur son passage. Les charniers de la cité débordent très vite de cadavres.

En quatre mois, toute la Provence est touchée

Alors, trop tardivement, les échevins prennent des mesures : évacuation des cadavres et des malades, maisons scellées, isolement… Les élites, elles, s’éloignent de la cité maudite. 

Le 31 juillet, un arrêt du parlement d’Aix-en-Provence ordonne le confinement de la ville à l’intérieur de ses remparts. Plus personne ne peut la quitter. Début août, il meurt 50 personnes par jour. Les premiers tombereaux apparaissent. Bientôt, on compte 100 décès quotidiens, puis 300, 500, 1 000 !

Quatre mois après le retour à Marseille du Grand-Saint-Antoine, le 14 septembre 1720, un arrêt du Conseil d’Etat interdit de quitter la ville sans certificat sanitaire. Le quart de l’armée française est envoyé pour établir un cordon sanitaire. Mais la barrière n’est pas étanche et le fléau atteint Aix, Arles, Toulon puis Apt. Toute la Provence est touchée. 120 000 malheureux de la région perdront la vie.

Attestation de déplacement..., en 1720



Belle journée à vous, 

Ginette.

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