6.9.16

Chroniques d'Août 2016

par Georges Charles

Mardi 2 août

Mieux que le " vivre ensemble " (1) , concept creux et grotesque, voici le " rire ensemble ", une rubrique de nature à rassembler les chroniques sur " Charlie " ou " Brèves de comptoir ". 

" Rire ensemble " ; 9 e partie, « on peut rire de tout, mais… »

On cite à tout bout de champ cette fameuse formule de Pierre Desproges : « On peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui. »

Ceux qui utilisent cet aphorisme facile veulent signifier que l’on peut tourner n’importe quel sujet en dérision, à condition de ne pas s’en prendre nommément à un individu ou à une communauté, qui risquerait d’en être blessé. Ils commettent de ce fait une erreur d’interprétation. Que répondait Pierre Desproges à cette question : peut-on rire avec tout le monde : « C’est dur… C’est quelquefois au-dessus de mes forces, dans certains environnements humains : la compagnie d’un stalinien pratiquant me met rarement en joie. Près d’un terroriste hystérique, je pouffe à peine et la présence, à mes côtés, d’un militant d’extrême-droite assombrit couramment la jovialité monacale de ma mine réjouie… » (…) « Il vaut mieux rire d’Auschwitz avec un Juif que de jouer au Scrabble avec Klaus Barbie. »
 
Dans l’interprétation de la restriction introduite par Desproges, se niche peut-être un esprit de distinction, de supériorité ; en d’autres termes, certains ne mériteraient pas que l’on rit avec eux. On ne pourrait rire que dans l’entre soi, entre gens de bonne compagnie qui comprennent à demi-mots ce que l’on veut dire. Pourtant, la force d’un trait d’humour ne se mesure-t-il pas au risque pris à l’envoyer en direction d’un public hostile ?

Pour ma part, je prétends qu’on doit rire de tout et surtout avec tout le monde !



 (1) Les cyniques qui veulent rire de tout parleront après l’attentat de Nice d’un " mourir ensemble ".

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