par Georges Charles
Vendredi 2 Septembre
Toulouse 1977 ; 24e partie, le service de l’état civil
Définition de ma fonction au sein de l’administration municipale : collationneur des actes d’état civil. Collationner : comparer un écrit avec l’original, ou comparer deux écrits ensemble, afin de vérifier s’ils sont identiques ; par extension, vérifier l’exactitude d’informations.
Quotidiennement, des familles se présentent aux guichets du service de l’état civil pour faire enregistrer naissances, reconnaissances et décès (1) . Dans un premier temps, un agent rédige la déclaration sur formulaire papier à partir des documents présentés, pièces d’identité, certificats de naissance ou de décès. L’acte d’état civil proprement dit est ensuite dactylographié (nous sommes avant la bureautique). Ma fonction consiste à comparer sur le champ les informations contenues dans le formulaire papier et l’acte officiel sur registre.
Pourquoi ? Il faut éviter que des erreurs (fautes de frappe, transcriptions erronées des identités, des dates et lieux de naissance des déclarants, etc.) ne viennent altérer la qualité juridique de ces actes. En effet, si la correction n’est pas apportée immédiatement, les familles rencontreront des difficultés lors de l’établissement de documents d’identité pour les nouveau-nés, par exemple. Il faut dire que la procédure de " rectification administrative " auprès du Procureur de la République est longue et fastidieuse… Grâce à notre contrôle, la marge d’erreur est quasi nulle. Ainsi, en début comme en fin de carrière municipale, j’aurai tâté de la démarche qualité et de la vérification de l’application des procédures.
Par chance pour l’administration et les citoyens, je possède les compétences requises pour ce genre de boulot. Je lis très vite (ou plutôt, je photographie très vite les mots) ; je dispose d’une certaine culture générale élargie au droit civil, à l’orthographe, à la géographie (attention, par exemple, à ne pas confondre la ville de Châlons-en-Champagne, Marne (2) , avec celle de Chalon-sur-Saône, Saône-et-Loire. Certaines connaissances en cultures et langues étrangères m’aident parfois dans l’identification de lieux et de patronymes exotiques.
En Espagne, la coutume pour l’appellation personnelle est à deux noms de famille : d’abord le premier nom de famille du père, suivi du premier de la mère (cet ordre, traditionnel, est réversible depuis les lois sur l’égalité des sexes). Un enfant prénommé Miguel, dont le père est Manuel Fernández Machado et la mère Isabel García Lobo, s’appellera Miguel Fernández García. Au Portugal, la formation des noms de famille est fixée ainsi : deuxième nom de famille de la mère, suivi du deuxième nom de famille du père. Un enfant prénommé Miguel, dont le père est Manuel Fernandes Machado et la mère Isabel García Lobo, s’appellera Miguel Lobo Machado.
L’Espagne, pays macho ? Près de 80 % des Espagnoles, une fois mariées, utilisent toujours leur nom de naissance. En Allemagne, au Royaume-Uni, en Suède, les femmes portent très majoritairement le seul nom de leur mari. Les " coutumes patriarcales " les plus vives ne sont pas toujours là où on les attend.
(1) Pour les mariages, la procédure est différente car un dossier est constitué préalablement à l’événement.
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