7.6.24

Chroniques de Mai 2024

 par Georges Charles

Jeudi 2 mai

Au nom du peuple français ; 23e partie, le gaslight

Dans la presse du 8 mars dernier (Journée internationale des droits des femmes), on apprenait que le député écologiste Julien Bayou se mettait en retrait de son groupe parlementaire et de son parti (dont il fut secrétaire national, de 2019 à 2022). Motif ? Deux plaintes déposées en septembre 2022 et en mars 2024 par son ex-conjointe, Anaïs Leleux, pour " harcèlement moral et abus de faiblesse ". Elle relate que son ex-compagnon avait « pendant des années, et ça s’est accentué sur la fin, tenté de me mettre en tête que j’avais des troubles psychiatriques. » Julien Bayou a fini par démissionner, le 2 avril dernier, du parti groupe parlementaire, pour " mieux préparer sa défense ", comme on dit en de telles circonstances. Réalité, ici ; fiction, là.

Selon la définition des psychiatres américains, le gaslighting ou gas-lighting, est une forme de manipulation psychologique dans laquelle l’abuseur déforme, omet sélectivement et fausse la réalité, dans le but de faire douter la victime de sa mémoire, de sa perception et de sa santé mentale.

Pièce de théâtre au départ, en 1938, Gaslight est adapté au cinéma en 1944

Ingrid Bergman

Dans ce film, le mari essaie de faire croire à sa femme qu’elle devient folle, en manipulant des éléments de leur environnement ; lorsqu’elle signale ces changements, il lui répond qu’elle se trompe. Le titre, Gaslight, évoque l’affaiblissement de l’éclairage au gaz dans la maison, lorsque le mari utilise celui du grenier en quête d’un trésor caché appartenant à sa femme. Lorsqu’elle aborde le sujet, son mari affirme que ce changement de luminosité est le fruit de son imagination…

Les manipulateurs utilisent les mêmes phrases, de manière récurrente : « tu te trompes, tu confonds, comme toujours », « tu dis des choses très bizarres », « tu es seul(e) responsable de ce qu’il t’arrive ». Les spectateurs se diront peut-être : « si c’était si grave, elle l’aurait déjà quitté ou coupé les ponts ». Or, si la victime ne se sépare pas de son abuseur, ce n’est pas parce qu’elle n’a pas été " assez " abusée, mais plutôt parce qu’elle a été " tellement " abusée que mêmes ses mécanismes d’autodéfense, la rébellion ou la fuite, ont été anéantis.

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