par Georges Charles
Samedi 3 Août
Des polars dans la nuit ; 1ère partie, Colloque fatal
J’entre ici dans l’évocation d’une période très particulière : entreoctobre 1996 et avril 1997, j’ai écrit deux romans policiers. Alors que je suis engagé depuis plus de dix ans dans une nouvelle aventure littéraire (2 904 pages à ce jour), je reviens avec plaisir sur ce moment.
L’acte de naissance du premier polar, je le situe très bien et dans le temps et dans l’espace. Nous sommes en weekend à l’automne, l’occasion d’une ultime randonnée près de Luchon, dans la vallée du Lys (Cascade d’Enfer, gouffre d’Enfer, ru d’Enfer ; les randonneurs plus expérimentés font le tour des lacs, Vert, Bleu, Charles et Célinda). Je suis en compagnie de Marie-France et d’Anne, une amie et collègue. En fin d’après-midi, redescendant vers le parking, nous laissons nos esprits, portés par nos pas, peu à peu vagabonder.
Nous pensons à nos collègues, directeurs de service de la Mairie de Toulouse, en train de boucler leurs valises au terme d’un séminaire de renforcement d’équipe (en anglais, team building, méthode apparue au début des années 1980), quelque part dans un hôtel de la région.
Je ne sais plus qui de nous trois a lancé cette remarque : « c’est quand même drôle, cette idée de rassembler tous les cadres supérieurs en un même lieu ; il y a un risque, un accident d’autocar, un empoisonnement au restaurant, une prise d’otages qui tourne mal…. et c’est tout le management supérieur qu’il faudra renouveler. Ça fera des perspectives de promotion pour nous, qui sommes juste en-dessous ! » Plaisanterie de mauvais goût ? Certainement. Peu importe ; je reste sur cette idée de séminaire de cadres pris en otage et je décide d’en faire un récit, style roman noir.
L’histoire se déroule dans les Cévennes, au château des Pauses, quelques bâtisses rassemblées en hameau isolé où j’avais passé une semaine de vacances l’été précédent. Le séminaire des cadres municipaux, c’est du réel, revu et corrigé. Le vrai-faux rapport de Mme Tiberi, la femme du maire de Paris, c’est du réel. La chanson d’Eddy Mitchell, Tu ne rentres pas ce soir (1978), qui racontait la dégringolade d’un cadre supérieur quinquagénaire licencié par son entreprise (1) , inspirera le personnage du desperado. Pour le reste, « toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite. »
Destins croisés, donc, au mauvais endroit et au mauvais moment. Un cadre au chômage, devenu marginal, qui habite un village perdu des Cévennes, entre Gard et Lozère, tente un hold-up à la Poste de Valleraugue ; surpris par les gendarmes, il s’enfuit au hasard des routes et atterrit dans une résidence de Saint-André-de-Majencoules, le Château du Désert… où se déroule un séminaire de cadres territoriaux. Il décide de prendre les participants en otage… Que veut-il ? Exister, reprendre la main sur sa vie !
Où il sera beaucoup question d’un cabinet de consultants chargé de " convaincre " les cadres du bien-fondé de la privatisation de services publics locaux… et donc de la disparition de leurs postes. Où le preneur d’otages se révélera en empathie avec ces cadres en danger. Où le GIGN interviendra. Où tout cela finira mal !
(1) Il pleure sur lui, se prend
Pour un travailleur immigré.
Il se sent dépassé
Et, du fait, il est remercié.
I1 n’a plus d’espoir, plus d’espoir.
Il ne rentre pas ce soir.
Colloque fatal
Le feu dans la plaine
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