13.12.19

Le Japon

vu par Ginette et André


De retour de notre séjour au Japon depuis vendredi, j'ai un peu de mal à reprendre la vie de tous les jours, mais voilà, le premier pas est fait, bonsoir mes amis.
Que vous dire de ce beau voyage ? Que nous avons aimé ce pays tellement différent du nôtre, nous y avons découvert une société organisée où chaque chose semble être à sa place et où la vie de tous les japonais donne l'impression d'être réglée comme une horloge. 
Nous y avons rencontré des gens accueillants et toujours prêts à nous aider même si la communication n'est pas facile quand on ne connaît pas la langue.
Et que de surprises chaque jour, nous avons admiré des jolies Japonaises habillées de kimonos traditionnels, de superbes paysages d'automne, des temples à tous les coins de rue, apprécié des trains à l'heure et ultra-propres,
Nous en avons pris plein les yeux et sommes rentrés chargés de beaux et bons souvenirs.



 L'art de s'asseoir

Les bons moments passés au Japon continuent à proliférer dans nos pensées, alors vous allez en profiter encore un peu vous aussi.
Aujourd'hui, ce sera avec une photo personnelle.

Imaginez comment on peut passer tout un repas devant une table au ras du sol, assis sur une chaise sans pattes, même si un coussin est délicatement posé sous vos jambes.

D'abord, très occupé à identifier ce qu'on a dans le bol et à se débattre avec les baguettes, on oublie qu'on est assis sur ses pieds !
Puis on termine le repas en gigotant comme un gamin !

Cela se passe uniquement dans les auberges typiques appelées "ryokans", où, comme vous le voyez sur la photo, la tenue japonaise est de rigueur.
On trouve cette tenue en coton sur son lit en arrivant, chaque soir une tenue propre, cela ressemble à la tenue des judokas et il est fortement recommandé de la porter dans tout l'hôtel.
J'avoue que le premier soir, nous ne savions que faire et nous avions l'impression de nous déguiser, mais on s'habitue vite à ce confort.
Les chaussettes à doigts nécessaires pour marcher en tongs et les tongs qui font partie de la tenue sont fournis aussi. 
On se déchausse partout au Japon et j'ai trouvé cela fort propre.
En effet partout ailleurs, on entre dans les chambres d'hôtel avec des semelles qui ont essuyé tout ce qu'on peut imaginer de plus sale sur les trottoirs...




L'automne

Pour le plaisir des yeux, quelques photos de l'automne au Japon.
C'est une belle saison pour visiter ce pays, il fait encore bon et les feuilles des arbres prennent des couleurs éclatantes, c'est un ravissement !




 La propreté

Nous n'en croyions pas nos yeux : regardez cet employé qui passe l'aspirateur sur un quai, ensuite, il frotte le même quai avec un balai à franges !Je n'ai pu m'empêcher de le prendre en photo, ce qu'il faisait ne serait pas imaginable chez nous.
Et dans la rue, pas un papier par terre...que de leçons ils nous donnent.

Pourtant rien n'est parfait, cette obsession de la propreté entraîne encore aujourd'hui un sur-emballage de toutes les denrées alimentaires, il faut aussi le voir pour le réaliser.
Dans les magasins tout est emballé dans deux ou trois papiers ou films alimentaires et replacé dans des sacs en plastique au moment d'emporter les courses.
Presque partout on distribue encore des cas en nylon, cela nous a surpris.




Hiroshima

Courte étape à Hiroshima mais combien émouvante.

Tout le monde se rappelle de l'explosion du 6 août 1945, la ville a été reconstruite mais elle n'a pas oublié.

Le Dôme de Genbaku, le seul bâtiment qui n'a pas été entièrement détruit a été bien consolidé afin de susciter et de représenter l'espoir.
Et la nature a aussi montré son optimisme en faisant renaître les ginkos de leurs cendres, ce sont les deux photos que je vous envoie aujourd'hui.

 Un cénotaphe a été construit, une flamme de la paix y brûle, destinée à rester allumée tant que des armes nucléaires existeront.

Le Pape est passé a Hiroshima le lendemain de notre passage.
Cette visite nous a inspiré toutes sortes de réflexions, j'ajoute une texte tiré de wikipédia :

" Le 6 août 2015, le Japon a commémoré la tragédie d'Hiroshima survenue 70 ans plus tôt. C'est désormais une ville de 1,2 million d’habitants devenue un symbole du pacifisme. À h 15 exactement, heure à laquelle en 1945, à la même date, un bombardier américain avait largué une bombe atomique sur la ville, un enfant et une jeune femme ont frappé une grande cloche devant une foule de 55 000 personnes recueillies dans le parc du Mémorial de la paix afin de commémorer ce tragique évènement8.
Les représentants d'une centaine de pays étaient présents, notamment Caroline Kennedy, l'ambassadrice des États-Unis au Japon et Rose Gottemoeller, la sous-secrétaire américaine chargée du contrôle des armements. Le premier ministre japonais, Shinzo Abe, a prononcé à cette occasion un plaidoyer contre l’arme nucléaire :
« En tant que seul pays frappé par l’arme atomique (…) nous avons pour mission de créer un monde sans arme nucléaire. Nous avons la responsabilité de faire comprendre l’inhumanité des armes nucléaires, à travers les générations et les frontières. »
Le maire d'Hiroshima, Kazumi Matsui, a demandé quant à lui de supprimer les armes nucléaires, « le mal absolu », et de créer des systèmes de sécurité qui ne soient pas dépendants de la puissance militaire. Il s’est adressé directement « aux leaders du monde », et leur a demandé « de venir dans les villes qui ont été bombardées, d’écouter les histoires des hibakusha9 et de connaître la réalité d’un bombardement nucléaire »10.
En mai 2016, 71 ans après l'explosion de la bombe atomique, le président des États-Unis Barack Obama se rend à Hiroshima pour rendre hommage aux victimes, en marge d'une réunion du G7 qui se tenait au Japon. C'est le premier président américain en exercice à se rendre au parc de la Paix11,12. Cette visite crée la polémique aux États-Unis, notamment parmi les vétérans de la Seconde Guerre mondiale qui s'étaient battus contre l'armée japonaise et ne souhaitaient pas que ce déplacement puisse être perçu comme des excuses américaines12."


Tokio 
Ma première impression à Tokyo fut de me croire à New York, au point que je faisais constamment le lapsus.
 

Et puis j'ai découvert une ville bien différente de la belle américaine.

Même si toutes deux rivalisent pour leurs gratte-ciel (gratte-ciels pour la nouvelle orthographe), les quartiers anciens sont totalement différents, en bois au Japon, en brique ou en pierre pour l'Amérique.
Tokyo aurait mérité plus de temps pour la découvrir, la ville est composée de nombreux quartiers très différents les uns des autres, mais il faudrait avoir une autre vie...ce qui est peut-être possible quand on est extrême-oriental.

Et la Japonaise est jalonnée par d'innombrables temples bouddhistes ou shintoïstes, plus beaux les uns que les autres qui changent complètement l'ambiance quand, comme moi, on pense à New York.
Mais je me suis rapidement sentie dépaysée et agréablement dépaysée, la propreté et l'organisation de la ville étant incomparable.

A cela s'ajoute une abondance de transports en commun que je n'ai vue nulle part ailleurs, des trains, des métros, des monorails, des bus, des taxis....J'avoue qu'au début, on se perd facilement dans les gares mais nous n'avons quand même jamais pris le mauvais train.
Tous ces moyens de transport avec une fréquence de circulation impressionnante.
Même les trains longue-distance (le Shinkansen, l'équivalent de notre TGV) se suivent avec des intervalles de 7 ou 8 minutes, et quelle organisation pour qu'il n'y ait pas de bousculade !

J'ai été impressionnée aussi par les parcs immenses et tous plus beaux les uns que les autres, d'autant plus qu'en automne les érables (différents des érables nord-américains) prennent des couleurs écarlates de toute beauté,  tout comme les ginkgos bilobas qui prennent une belle couleur jaune vif.



L'accueil des touristes 
La ville et la campagne japonaises fourmillent de gens occupés à toutes sortes de tâches dont certaines ne seraient même pas envisageables chez nous.


Dans la rue, par exemple, dès qu’il y a des travaux, des personnes viennent vous montrer le chemin à prendre pour ne pas risquer de vous blesser et pour ne pas gêner les ouvriers. Ces personnes sont directives tout en restant très polies.


De même pour traverser les rues un peu dangereuses, il y a souvent des agents de sécurité, deux la plupart du temps, un de chaque côté de la rue et ils nous font signe lorsqu’il faut passer ou nous rappellent à l’ordre si on n’attend pas au bon endroit !


Nous avons aussi remarqué que personne ne traverse quand le feu est rouge pour les piétons, même s’il s’agit d’une petite rue avec peu ou pas de circulation. Inimaginable pour des Français !


J’ai lu qu’il s’agit souvent de retraités bénévoles qui souhaitent être encore utiles à leur pays.

Dans les gares, ces bénévoles portent des gilets avec des inscriptions « NEED HELP ? »
ou « ASK ME » et c’est toujours un soulagement d’en rencontrer quand on cherche son chemin ou quand on ne comprend pas comment fonctionne une consigne ! Les gares sont immenses, notre gare du Nord à Paris est bien petite si on la compare à la nouvelle gare de Kyoto et quand on ne lit pas le Japonais, je peux vous dire que c’est un vrai soulagement de rencontrer ces personnes, même pour trouver la sortie.


Il nous est aussi fréquemment arrivé d’être accostés par de simples passants lorsqu’ils nous voyaient avec un plan de ville dans la main, d’autres nous raccompagnaient jusqu’à la maison que nous avions louée et que nous avions du mal à retrouver en rentrant le soir.


Une autre fois, un monsieur a eu pitié de nous en nous voyant tirer nos valises, il a rangé son sandwich, il nous a transporté nos valises dans sa voiture jusqu’au port du ferry où nous nous rendions. Et cela avec un grand sourire et beaucoup d’affabilité !

Nous ne pouvons faire que des compliments du comportement des Japonais !

Hiroshima (suite)

A Hiroshima, après avoir parcouru le parc du Mémorial de la Paix, nous avons visité le musée de la Paix.
Grand bâtiment moderne en béton, grand silence, les gens osent à peine parler à voix basse, ambiance pesante, sentiment d'oppression.

Tout d'abord, de nombreuses photos rappellent les faits  : la bombe du 6 août 1945, avec beaucoup de photos de victimes humaines et du chaos dans la ville.
70000 personnes sur les 300000 que comptaient la ville sont mortes après l'explosion et autant dans les jours et les mois qui suivirent.

Des photos qui vous tirent les larmes, en particulier lorsqu'elles sont présentées avec des témoignages relatant le vécu de familles ou de rescapés.

Les jours et les mois qui ont suivi ont été épouvantables pour les survivants qui ont dû vivre isolés dans les ruines, car les gens des environs les fuyaient, craignant la contagion ; en effet personne ne comprenait ce qui leur était arrivé et ils faisaient peur à voir.
Ils souffraient physiquement de leurs brûlures, ils souffraient aussi des intempéries et de leur solitude après la mort de leurs proches et ils avaient aussi beaucoup de peine à trouver de quoi se nourrir.
Beaucoup sont morts rapidement.

Plus loin dans le musée, il y a tout un plaidoyer pour l'abolition totale de l'arme atomique avec un inventaire de toutes celles qui existent actuellement dans le monde.
Faut-il être optimiste ???

Et encore, comme souvent au cours de notre voyage, une dame nous a abordés en nous entendant parler Français.
Après nous avoir donné quelques explications en Anglais, elle a tiré de son sac un papier avec le récit d'un rescapé qui avait 47 ans en 1945 et qui est décédé en 1982, à 84 ans.
C'est une traduction du texte original japonais 
dans un Français un peu approximatif, je n'y ai pas touché volontairement, je vous l'envoie tel que je l'ai eu.



Accueil chaleureux des Japonais, quelques anecdotes


Notre itinéraire était tracé, les moyens de transport avaient été définis à l'avance, nos lieux de séjours avaient été sélectionnés, nos nuits étaient réservées dans des hôtels, des ryokans ou des maisons de location, vu depuis Remiremont, tout semblait parfait .


Effectivement, l'arrivée à l'aéroport de Tokyo tout comme l'entrée en ville en monorail se sont passées sans souci sauf que nous n'avions pas réalisé que nous étions en zone internationale au milieu d'étrangers pour la plupart anglophones...
Nous avions un plan précis du trajet vers notre hôtel que nous avons trouvé facilement.

L'Anglais jusque là nous avait toujours permis de vivre normalement à l'étranger et nous n'avions pas vraiment anticipé que nous allions vivre en analphabètes, même avec le bac 65 en poche !

Donc, quand la faim nous a titillés le premier soir, nous sommes entrés dans un petit café/restaurant où la carte nous a été présentée en japonais par des serveuses qui ne parlaient pas anglais : choisir des plats au hasard et vider ensuite son assiette avec des baguettes a été une première expérience !
Heureusement notre serveuse est revenue gentiment aider ses clients bien patauds et nous avons pu nous restaurer correctement mais cette première soirée nous a plongés sans détour dans la vie japonaise.
A la table voisine, un dizaine de messieurs discutaient en buvant des bières ou du saké, ils étaient calmes à notre arrivée, puis de plus en plus bruyants à mesure que le temps passait. Or des lectures récentes nous avaient appris que le soir, les Japonais, épuisés par leurs longues journées de travail avaient coutume d'aller se "détendre" ainsi, en laissant femmes et enfants à la maison.
De même, j'avais lu que patrons et employés ou étudiants et professeurs se retrouvaient de temps en temps dans le but de se dire réciproquement leurs vérités... après s'être copieusement enivrés, et qu'ils trouvaient là un moyen d'améliorer leurs relations, en acceptant des reproches réciproques. 
Les messieurs attablés à côté de nous étaient-ils en train de se dire leurs vérités ? On pouvait l'imaginer.

C'était aussi la première fois que nous nous trouvions dans l'incapacité de lire ou de comprendre quoi que ce soit et, pire encore, de nous faire comprendre. 
Nos nouvelles conditions d'analphabètes nous ont fait réaliser la richesse de la communication ou plutôt les inconvénients de son absence et au cours du voyage, nous nous sommes sentis plusieurs fois frustrés de ne pas avoir de réponses à nos questions.
D'autres fois, nous avons ri en découvrant avec surprise ce que nous avions acheté à manger : des soupes instantanées aux algues gluantes ou des haricots de soja fermentés au fort parfum de fermentation et à l'aspect peu engageant.
Les emballages, souvent sans photos, et avec des explications uniquement en japonais nous ont posé bien des problèmes, la première bouteille de lait achetée contenait tout autre chose que nous n'avons pas pu déterminer...ni boire, d'ailleurs !

Heureusement les Japonais sont des gens plutôt aimables et toujours prêts à se dévouer pour répondre à nos questions d'une façon ou de l'autre. 

Un soir, sachant que les petites rues n'ont pas de noms et que les maisons n'ont pas de numéros, un jeune homme à vélo, à qui nous demandions le chemin pour rentrer à notre maison, nous a gentiment accompagnés jusqu'à notre porte, en marchant à côté de son vélo à 20 minutes de là, cela se passait à Kanazawa (460 000 habitants) !
Ou encore, autre rencontre à Tokyo cette fois : alors que nous venions de visiter un musée avec une guide francophone, celle-ci nous a proposé de nous accompagner dans la ville le soir après son travail, bénévolement. Et, en la quittant le soir, elle nous a proposé de nous accompagner à nouveau le lendemain. Sa compagnie nous a permis de découvrir Tokyo très agréablement et d'obtenir des réponses à toutes sortes de questions que nous nous posions. Ce fut la seule francophone que nous avons rencontrée.

A propos de communication, un jour sur un ferry, j'étais assise à côté d'une jeune dame de Rovaniemi en Finlande avec qui je partageais mes impressions et nos difficultés pour discuter avec des Japonais parce que peu d'entre eux parlaient Anglais, sur quoi elle m'a répondu du tac au tac "mais c'est la même chose chez vous en France"!  Je n'ai pu qu'acquiescer et regretter la chose...entendre des vérités, ça fait du bien parfois !

3.12.19

Chroniques de Novembre 2019

par Georges Charles

Samedi 2 Novembre

Mens sana in corpore sano ; 22e partie, finale de la Coupe du monde de rugby au Japon
 

En quart de finale, la France avait chuté d’un point (19-20) face au Pays de Galles. En finale, l’Afrique du Sud bat l’Angleterre, 32 à 12.



Pour paraphraser l’attaquant anglais Gary Lieneker, « Football is a simple game ; 22 men chase a ball for 90 minutes and at the end, the Germans always win » ; le rugby est un jeu simple ; 30 types se disputent un ballon pendant 80 minutes et à la fin, ce sont les Anglo-saxons qui gagnent toujours. En quarts de finale, six nations anglo-saxonnes, de la métropole ou des anciennes colonies, et deux intruses, la France et le Japon.

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4.11.19

Chroniques d'Octobre 2019

par Georges Charles

Mardi 1er Octobre

Les baby-boomers ont eu de la chance ; 1ère partie, évolutions politiques, sociales et juridiques
 
1942 ! Au plus fort de la Seconde guerre mondiale, après des décennies de langueur, la natalité connaît en France un rebond surprenant. Le nombre de naissances passe de 490 000 en 1941 à 542 000 l’année suivante. Les démographes ne prendront la mesure du phénomène que plusieurs années après : une hausse de la fécondité à près de trois enfants par femme, contre près de moitié moins dans les décennies antérieures. Ce niveau exceptionnel va perdurer jusqu’en 1964, avec cette année-là environ 870 000 naissances pour cinquante millions d’habitants. La génération des baby-boomers, la mienne, je la situerais plus précisément entre 1945 et 1955 ; des gens qui ont aujourd’hui entre 65 et 75 ans. Elle est la première dans l’Histoire à avoir connu à la fois une relative pénurie dans l’enfance (où l’on nous apprenait à éteindre la lumière en quittant une pièce…) et l’abondance, voire la surabondance, à l’âge adulte.

Est-ce le propre de toutes les générations de prétendre avoir " tout inventé " ? Soyons modestes, les nouvelles techniques d’information et de communication, l’informatique et Internet notamment, ont été le fait des générations suivantes ; au mieux, la mienne a pris le train en marche. En tout cas, si ma génération épouse cette prétention, elle a quelques arguments pour cela. " Inventé " n’est pas le terme qui conviendrait ; disons que des changements se sont manifestés alors même que nous étions en mesure d’en profiter les premiers et pleinement. Les portes s’ouvraient au moment même où nous en avions besoin et envie.
 
La génération dorée des Trente Glorieuses. La chance aura été, pour un certain nombre d’entre nous, d’avoir connu tous les " bonheurs " en même temps : travail à temps plein, enrichissement patrimonial, allongement de la durée de la vie et retraites confortables…
 
Les baby-boomers entrent dans l’adolescence dans les années 1960.

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5.10.19

Chroniques de Septembre 2019

par Georges Charles

Lundi 2 septembre 

Ce mois de septembre sera placé sous le signe de découvertes, ou redécouvertes, de lieux attachants.
 
Douce France ; 23e partie, Leucate et Corbières
 

Par BlaBlaCar, j’ai conduit quelqu’un, de Toulouse à Roquefortdes-Corbières, dans l’Aude. La soixantaine, un vigneron ; il avait laissé sa voiture à son fils pour le boulot et rentrait chez lui. Nous avons eu un échange sur l’évolution des modes de consommation en matière d’apéritifs, évolution qui le concerne en propre : pourquoi le muscat, de Rivesaltes ou d’ailleurs, se vend-il de moins en moins ? Et la marque Byrrh, originaire de Thuir, dans les Pyrénées-Orientales, disparue !
 
À la différence de certaines communes du Massif Central, Leucate a gagné en population, depuis les années 1970 : 1 077 en 1962 ; 1 968 en 1982 ; 3 392 en 2004 ; 4 339 en 2016.
 

Une célébrité, Henry de Monfreid (1879-1974), aventurier et écrivain, est né à La Franqui.
Pour moi qui fréquente ce lieu depuis les années 1970, Leucate est une presqu’île, un plateau, un phare, un sémaphore, un cap, une falaise, des plages.

 La commune de Leucate s’étend sur cinq pôles touristiques, du nord au sud : La Franqui, Leucate-Village, Leucate-Plage, le village naturiste de la Corrège et Port-Leucate. La presqu’île est bordée à l’ouest par l’étang de Leucate (ou de Salses) et par la mer à l’est.

Premier contact, la plage de Leucate-Plage. Déserte. Une paillotte, qui diffuse de la musique électro, accueille les gens à l’abri de la tramontane. J’y prendrai une bière après le premier bain de mon périple. Mer agitée, mais douce. 

Depuis mon dernier passage sur le plateau, il y a quelques années, les accès ont été aménagés et limités ; rouler et marcher n’importe où nuiraient à la nidification de certaines espèces d’oiseaux. Puisqu’il y a maintenant un " sentier du guetteur ", je l’emprunte jusqu’au cap des Trois Frères, aller et retour, histoire d’ouvrir l’appétit. 

Mon bivouac sera un parking, sous les pins, au bord de la falaise. De plus en plus difficile d’être solitaire : deux heures après mon arrivée, nous sommes cinq véhicules, sagement alignés les uns contre les autres. Les balais de lumière du phare jouent avec le vent dans les arbres ; conditions idéales pour s’endormir paisiblement.

 Allongé dans l’habitacle de la voiture, comme un cosmonaute dans sa capsule, je prends conscience que la carrosserie m’enveloppe… avec bienveillance et tendresse. Je me vois revenu dans le ventre de ma mère ; d’une interprétation à l’autre, j’en viens à voir dans mes baignades un désir de retrouver la chaleur du liquide amniotique. Et le cordon ombilical ? Le trousseau de clés. Marrant, non ?
 

Le lendemain matin, au réveil, siroter un café devant le lever du soleil. Être à la plagette avant tout le monde ; c’est un lieu à l’écart de la grande plage populaire où il est possible de pratiquer le naturisme. Nager à poil, bronzer à poil, au moins une heure ou deux par an, ce n’est pas du luxe.




La Franqui. Au XIXe siècle, la première et la plus grande station balnéaire de l’Aude. D’où son charme désuet et rétro.


Sur la plage fouettée de vent (90 km/h) et de sable, seuls présents, des retraités et des véliplanchistes. Les premiers, emmitouflés dans leur K-way, immobiles, hiératiques, comme des statues. Les seconds, en frime et représentation tandis qu’ils se préparent ; c’est fou comme une combinaison à moitié enfilée peut mettre en valeur les pectoraux. Ils se lancent, sautant sur les crêtes des vagues comme des cailloux en ricochet.
 

La tramontane souffle plus de 300 jours par an à Leucate ! Des conditions idéales pour pratiquer de nombreux sports de glisse : stand up paddle, windsurf, kitesurf, char à voile, buggy kite, sky fly...

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23.9.19

Retrouvailles 2019 à Colmar

par Ginette

Colmar en projet depuis deux ans, Colmar déjà devenu un souvenir, un bon souvenir j’espère.
En effet nos retrouvailles, toujours attendues avec autant de plaisir, n’ont pas failli à leur réputation.
L’habituelle bonne ambiance a été un peu ternie cette année par l’absence de Marie-Claude, retenue en dernière minute, chez elle à Paris, par des problèmes de santé. Nous lui souhaitons un rétablissement aussi rapide que possible.

Après Rouge Gazon en 2006, Dommartin (effectif réduit) en 2007, Gérardmer en 2009, Castries en 2011, Carcans en 2013, la vallée du Rhin en 2015, Giverny en 2017, nous pouvons ajouter Colmar en 2019 à notre registre.

En résumé, deux grandes journées de visites guidées de la ville et d’une toute petite partie de ses environs par un temps estival bien agréable.

Arrivés dans l’après-midi du vendredi 13 septembre 2019, nous nous sommes quittés en fin de week-end, dimanche soir ou lundi matin selon les emplois du temps de chacun.

Colmar, c’est l’Alsace profonde : le premier soir, apéritif autour d’un Crémant d’Alsace car à la surprise générale, on ne servait pas de Champagne dans notre hôtel, l’Alsace n’emprunte rien à l’intérieur…comprenez à l’autre côté des montagnes. Et pourtant cette Alsace a un côté attachant qui fait qu’on lui pardonne son chauvinisme sans difficulté et nous l’avons admirée sans réserve. Nous y avons passé deux belles journées !

Sans romancer, je peux dire que Colmar est un petit bijou, avec des places ornées de remarquables statues de Bartholdi et des rues abondamment fleuries. (Oserai-je écrire que Disney a créé des reproductions qui attirent les foules mais, que nous, nous possédons les originaux dont nous sommes très fiers et que nous prenons beaucoup de plaisir à voir et à revoir ! )

Et ces journées de retrouvailles nous ont procuré le loisir d’admirer des perles d’architecture en les redécouvrant avec un autre regard grâce à une excellente guide.

Le samedi matin, nous avons commencé par une visite du musée Unterlinden  qui est un des musées de province les plus visités de notre pays. Après avoir parcouru des salles présentant des œuvres de Monet, de Picasso, de Dubuffet, de Soulages, de Otto Dix et d’autres encore, nous nous sommes arrêtés longuement devant le « joyau » de ce musée, le Retable D’Issenheim » de Matthias Grünewald, un chef-d’oeuvre du 16ème siècle.
Là, notre guide nous a apporté un commentaire très détaillé qui n’a pas été superflu (du moins pour moi, j’ai mieux compris et surtout mieux apprécié cette œuvre que j’avais pourtant déjà vue plusieurs fois).
Ensuite, après une balade guidée et commentée de la vieille ville, nous avons terminé l’après midi chez un vigneron pour écouter parler des vignobles et des vins d’Alsace et ensuite déguster quelques crus mais croyez-moi, nous avons su rester sages !

La journée de dimanche a été tout aussi intéressante.

Pour commencer, un bus nous a emmenés à Ungersheim, au nord de Mulhouse et nous avons passé toute la matinée à nous promener à l’
Écomusée d'Alsace. C’est un musée de plein air, le plus grand de France, où ont été transférées et remontées d’authentiques constructions alsaciennes formant un nouveau village vivant.
Une belle réalisation, qui a commencé dans les années 70…pas le 70 de l’époque romaine, mais au 20ème siècle et qui se poursuit encore aujourd’hui par de nouvelles constructions avec des projets et des réflexions en rapport avec le futur et notre planète.

C’est un superbe condensé de l’Alsace et de sa culture. Nous n’avons pas vu le temps passer car nous avions là aussi un guide passionnant. A l’heure de partir, personne n’avait envie de quitter cet endroit superbe où nous nous sentions si bien, d’autant plus qu’après avoir pris sur place un copieux et délicieux repas alsacien, nos amis Élisabeth, Georges-Edouard et Georges de Toulouse, alias Luc (des explications suivront) devaient quitter le groupe pour d’autres projets.

Heureusement, une balade digestive à Éguisheim nous a permis de prolonger les découvertes et notre entrain. Ce beau village pittoresque est connu pour ses cours colongères, ses remparts, ses jolies rues fleuries, son château et la maison bourgeoise qui a vu naître le Pape Léon IX en 1002.
Puis, la balade s’est poursuivie à Kaysersberg, village qui fut élu, comme Eguisheim, au cours des années passées « village préféré des Français ».

Retour enfin à Colmar pour une dernière soirée dont nous nous rappellerons à cause du repas un peu trop spécial qui nous a été servi mais qui ne devrait pas laisser de mauvais souvenirs, du moins je l’espère.

Tout ce que vous venez de lire n’est que la partie officielle de nos journées, il faut maintenant que vous entendiez parler de l’ambiance qui règne dans notre groupe.

C’est toujours un vrai plaisir de passer des week-ends ensemble, le rythme de nos retrouvailles entretient et ravive les souvenirs que nous avons les uns des autres et nous fait oublier les années qui passent. Nos « congrès », comme l’ami Georges C., alias « Luc », a élégamment qualifié nos retrouvailles, sont presque devenus des « cousinades », bref nous passons d’excellents moments ensemble.

Je vais compléter mes propos en ajoutant que les bons petits vins généreusement offerts par l’ami Georges-E répandent la bonne humeur et que ceux-ci, ajoutés aux leçons dispensées par notre vénérable « professeur de lettres », toujours très sobre, lui, nous font passer des moments inoubliables.
Vous avez sans doute reconnu notre ami Gabriel qui nous a fait un cours de rhétorique très poussé sur la prétérition, puis sur la « sucussion »… Je crois que les éclats de rires qu’il a provoqués ont eu pour effet de nous recharger d’optimisme pour de longues semaines.
Et voici un extrait de ses œuvres :
Je précise que René Del n’est autre que Georges C., il s’agit du pseudonyme qu’il a utilisé pour signer ses romans.
Delle Berthe est le surnom de notre amie Dominique choisi autrefois par ses amies d’internat.
Et « Luc » est un surnom attribué à l’ami Georges C. un des soirs à Colmar.
Je pense que ces explications vont vous éclairer.

" Que le partage des richesses intérieures de chacun nous donne un avant goût du paradis.
 Que l'on s'ingénie à marier deux virgules pour en faire un coeur.
 Que René Del aussi bien que Delle Berthe continuent à maintenir partout une  harmonieuse humanité.
 Que l'ours polaire ne confonde ourse polaire et qui que ce soit qui traîne là en fourrure. "
Evangile de ... Luc
Je vais me permettre d’ajouter encore quelques commentaires sympathiques reçus depuis notre retour, je pense que leurs auteurs me pardonneront d’avoir pris la liberté de les publier (par ordre alphabétique).

"Bon week-end et merci encore pour ces bons moments partagés "
Bises 
Maryvonne

« Notre congrès de Colmar était une réussite. Certains sont revenus dans leurs Vosges, d’autres en Gironde ou en Haute-Saône ; certains se lancent en Alaska… avec courage. »

Georges C.

«  Bien rentrée...

J'ai fait le trajet retour sur un petit nuage de bonheur tranquille dans la douceur de cette matinée d'automne, encore toute imprégnée de ces bons et beaux moments passés ensemble ! Une énorme bise à tous et merci de vous !!!! »

 
Blanche

« Nous voilà de retour à Carcans, depuis hier soir, après notre escapade dans l'Est.

Deux grandes semaines de plaisirs variés qui se sont terminées en apothéoses auprès de vous tous...Quelle ambiance, que du bonheur...décidément on ne vieillit pas! « 

 
Popomme

« Bonjour à tous,
Me voici revenue dans mes pénates !
Après vous avoir quittés j'ai fait comme certains .... un petit temps de repos sur le chemin du retour. Mercredi matin départ mais pas définitif puisque je me suis arrêtée à Lure chez Madeleine. Elle va bien merci ! Un petit café avec croissant et pain au chocolat plus tard et je quittais cette région de Franche-Comté que j'aime bien aussi. J'ai quand même fait un bon tour de Franche-Comté avant de prendre l'autoroute et d'arriver ici le soleil dans les yeux !!
Point de mots nouveaux pour exprimer tout le plaisir que j'ai eu à vous revoir et à visiter cette belle Alsace. Je ne sais pas ce que j'ai apprécié le plus, peut-être la visite du Musée « Unterlinden ou alors l'Ecomusée. Il faudra attendre deux ans pour que Georges nous offre du Champagne .... quoique ... en Bourgogne ils font aussi de l'excellent Crémant ...
C'est sur ces notes boisées, comme on dit en "viniculture" que je vous quitte, une fois de plus (!).
Profitez bien des derniers rayons de soleil. Je vous embrasse tous très, très fort ! »

 
Marie-Odile

Bonsoir à toutes et tous,

Après ce magnifique WE en votre compagnie, après cette re-découverte de Colmar qui est magnifique, après nos retrouvailles toujours sympathiques, nous voici à Roissy, en attente de notre vol pour Seattle, puis l’Alaska…

La chaleur accumulée à Montpellier et Colmar va nous être utile, et je vous ferai passer des photos par Ginette, si nous croisons des ours  polaires et des grizzlis…. 

 
Bises aux femmes, amitiés,

 
Georges et Elisabeth

Coucou !
Blanche est très inspirée après cet excellent week-end passé en votre compagnie !      
Si elle continue elle pourra monter un petit spectacle avec Gaby la prochaine fois,  et nous réciter des poèmes ....à  moins  qu'elle nous chante  un petit air genre " le voici l'agneau si doux ....Nous sommes rentrés également à bon port, après un petit crochet par St Dié, où mes parents ont résidé quelques années. 
Nos retrouvailles sont toujours bien réussies et une très belle parenthèse dans notre quotidien. 
Merci à  Ginette et à  vous  tous  . 
Bon retour ,bonnes vacances  
 
Nous vous embrassons !

Andrée et Jacky

« Cette rencontre a été l’occasion de rafraîchir nos souvenirs alsaciens et surtout de revoir des amis avec lesquels les liens continuent à être très forts ! Quel beau week-end, avec aussi une pensée pour des guides d’exception »

Marie-Annette et Gérard


8.9.19

Chroniques d'Août 2019

par Georges Charles

Samedi 3 Août

Des polars dans la nuit ; 1ère partie, Colloque fatal

J’entre ici dans l’évocation d’une période très particulière : entreoctobre 1996 et avril 1997, j’ai écrit  deux romans policiers. Alors que je suis engagé depuis plus de dix ans dans une nouvelle aventure littéraire (2 904 pages à ce jour), je reviens avec plaisir sur ce moment.
 
L’acte de naissance du premier polar, je le situe très bien et dans le temps et dans l’espace. Nous sommes en weekend à l’automne, l’occasion d’une ultime randonnée près de Luchon, dans la vallée du Lys (Cascade d’Enfer, gouffre d’Enfer, ru d’Enfer ; les randonneurs plus expérimentés font le tour des lacs, Vert, Bleu, Charles et Célinda). Je suis en compagnie de Marie-France et d’Anne, une amie et collègue. En fin d’après-midi, redescendant vers le parking, nous laissons nos esprits, portés par nos pas, peu à peu vagabonder.
 
Nous pensons à nos collègues, directeurs de service de la Mairie de Toulouse, en train de boucler leurs valises au terme d’un séminaire de renforcement d’équipe (en anglais, team building, méthode apparue au début des années 1980), quelque part dans un hôtel de la région.

Je ne sais plus qui de nous trois a lancé cette remarque : « c’est quand même drôle, cette idée de rassembler tous les cadres supérieurs en un même lieu ; il y a un risque, un accident d’autocar, un empoisonnement au restaurant, une prise d’otages qui tourne mal…. et c’est tout le management supérieur qu’il faudra renouveler. Ça fera des perspectives de promotion pour nous, qui sommes juste en-dessous ! » Plaisanterie de mauvais goût ? Certainement. Peu importe ; je reste sur cette idée de séminaire de cadres pris en otage et je décide d’en faire un récit, style roman noir.
 
L’histoire se déroule dans les Cévennes, au château des Pauses, quelques bâtisses rassemblées en hameau isolé où j’avais passé une semaine de vacances l’été précédent. Le séminaire des cadres municipaux, c’est du réel, revu et corrigé. Le vrai-faux rapport de Mme Tiberi, la femme du maire de Paris, c’est du réel. La chanson d’Eddy Mitchell, Tu ne rentres pas ce soir (1978), qui racontait la dégringolade d’un cadre supérieur quinquagénaire licencié par son entreprise (1) , inspirera le personnage du desperado. Pour le reste, « toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite. »
 
Destins croisés, donc, au mauvais endroit et au mauvais moment. Un cadre au chômage, devenu marginal, qui habite un village perdu des Cévennes, entre Gard et Lozère, tente un hold-up à la Poste de Valleraugue ; surpris par les gendarmes, il s’enfuit au hasard des routes et atterrit dans une résidence de Saint-André-de-Majencoules, le Château du Désert… où se déroule un séminaire de cadres territoriaux. Il décide de prendre les participants en otage… Que veut-il ? Exister, reprendre la main sur sa vie !

Où il sera beaucoup question d’un cabinet de consultants chargé de " convaincre " les cadres du bien-fondé de la privatisation de services publics locaux… et donc de la disparition de leurs postes. Où le preneur d’otages se révélera en empathie avec ces cadres en danger. Où le GIGN interviendra. Où tout cela finira mal !

(1) Il pleure sur lui, se prend
Pour un travailleur immigré.
Il se sent dépassé
Et, du fait, il est remercié.
I1 n’a plus d’espoir, plus d’espoir.

Il ne rentre pas ce soir.


Colloque fatal

Le feu dans la plaine

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