par Georges Charles
Lundi 2 septembre
Ce mois de septembre sera placé sous le signe de découvertes, ou redécouvertes, de lieux attachants.
Douce France ; 23e partie, Leucate et Corbières
Par BlaBlaCar, j’ai conduit quelqu’un, de Toulouse à Roquefortdes-Corbières, dans l’Aude. La soixantaine, un vigneron ; il avait laissé sa voiture à son fils pour le boulot et rentrait chez lui. Nous avons eu un échange sur l’évolution des modes de consommation en matière d’apéritifs, évolution qui le concerne en propre : pourquoi le muscat, de Rivesaltes ou d’ailleurs, se vend-il de moins en moins ? Et la marque Byrrh, originaire de Thuir, dans les Pyrénées-Orientales, disparue !
À la différence de certaines communes du Massif Central, Leucate a gagné en population, depuis les années 1970 : 1 077 en 1962 ; 1 968 en 1982 ; 3 392 en 2004 ; 4 339 en 2016.
Une célébrité, Henry de Monfreid (1879-1974), aventurier et écrivain, est né à La Franqui.
Pour moi qui fréquente ce lieu depuis les années 1970, Leucate est une presqu’île, un plateau, un phare, un sémaphore, un cap, une falaise, des plages.
La commune de Leucate s’étend sur cinq pôles touristiques, du nord au sud : La Franqui, Leucate-Village, Leucate-Plage, le village naturiste de la Corrège et Port-Leucate. La presqu’île est bordée à l’ouest par l’étang de Leucate (ou de Salses) et par la mer à l’est.
Premier contact, la plage de Leucate-Plage. Déserte. Une paillotte, qui diffuse de la musique électro, accueille les gens à l’abri de la tramontane. J’y prendrai une bière après le premier bain de mon périple. Mer agitée, mais douce.
Depuis mon dernier passage sur le plateau, il y a quelques années, les accès ont été aménagés et limités ; rouler et marcher n’importe où nuiraient à la nidification de certaines espèces d’oiseaux. Puisqu’il y a maintenant un " sentier du guetteur ", je l’emprunte jusqu’au cap des Trois Frères, aller et retour, histoire d’ouvrir l’appétit.
Mon bivouac sera un parking, sous les pins, au bord de la falaise. De plus en plus difficile d’être solitaire : deux heures après mon arrivée, nous sommes cinq véhicules, sagement alignés les uns contre les autres. Les balais de lumière du phare jouent avec le vent dans les arbres ; conditions idéales pour s’endormir paisiblement.
Allongé dans l’habitacle de la voiture, comme un cosmonaute dans sa capsule, je prends conscience que la carrosserie m’enveloppe… avec bienveillance et tendresse. Je me vois revenu dans le ventre de ma mère ; d’une interprétation à l’autre, j’en viens à voir dans mes baignades un désir de retrouver la chaleur du liquide amniotique. Et le cordon ombilical ? Le trousseau de clés. Marrant, non ?
Le lendemain matin, au réveil, siroter un café devant le lever du soleil. Être à la plagette avant tout le monde ; c’est un lieu à l’écart de la grande plage populaire où il est possible de pratiquer le naturisme. Nager à poil, bronzer à poil, au moins une heure ou deux par an, ce n’est pas du luxe.
La Franqui. Au XIXe siècle, la première et la plus grande station balnéaire de l’Aude. D’où son charme désuet et rétro.
Sur la plage fouettée de vent (90 km/h) et de sable, seuls présents, des retraités et des véliplanchistes. Les premiers, emmitouflés dans leur K-way, immobiles, hiératiques, comme des statues. Les seconds, en frime et représentation tandis qu’ils se préparent ; c’est fou comme une combinaison à moitié enfilée peut mettre en valeur les pectoraux. Ils se lancent, sautant sur les crêtes des vagues comme des cailloux en ricochet.
La tramontane souffle plus de 300 jours par an à Leucate ! Des conditions idéales pour pratiquer de nombreux sports de glisse : stand up paddle, windsurf, kitesurf, char à voile, buggy kite, sky fly...
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