par Marie-Odile
26 Janvier … enfin ! Le grand
jour est arrivé ! Je pars au Mont Sainte -Odile !
L’atmosphère autour
respire l’inondation. Hier j’étais allée sur la petite route
qui mène à Giverny et donc à Vernon, mon lieu d’embarquement,
afin de voir la situation de la rivière, l’Epte, affluent de la
Seine et qui fait frontière avec l’Eure et donc la Normandie. Elle
débordait : pas grave, le détour à faire n’est pas très
important.
Vendredi
- Première étape :
la gare de Vernon. Je mets ma voiture comme d’habitude, dans un
quartier résidentiel. Plusieurs fois par an j’utilise cet
emplacement qui s’est avéré sûr, enfin … jusque là !
C’est le début de la petite routine du départ en train.
C’est donc le coeur
léger (lui seulement car je traîne un sac alourdi par mes
chaussures de randonnée) que je me dirige vers la gare. Mon train
arrive de Rouen à 10h51 et le TGV quitte la gare de l’est à
12h55. A Strasbourg une amie, ancienne camarade de classe BTS va
venir me chercher et passer aussi une nuit au Mont. Dans la salle des
pas perdus de Vernon-Giverny le panneau affiche un retard de dix
minutes. Ça commence mal me dis-je mais dix minutes, ça va encore,
j’ai une bonne heure pour traverser tout Paris et le RER E est
direct puisque je descends à la station Magenta et que je continue à
pied. Le temps passe et la voix suave de la SNCF annonce bientôt un
retard d’une demi-heure … : ʺ il a fallu attendre des
clients en correspondance ʺ ??? Entre nous, tout le monde
se plaint de la ligne Paris-Rouen et c’est justifié. Il y a
toujours quelque chose qui ne va pas : grèves, trains qui ne
continuent pas plus loin, retards, accidents de personnes, trains
bondés etc … etc … Comme je ne le prends plus régulièrement
je ne connais pas trop ce genre d’ennuis mais je me demande comment
les usagers peuvent supporter ça toute l’année… Il finit par
arriver à 11h10 . Le TGV part à 12h55. Je calcule (très mal)
11h10 + 45 minutes = 11h55 à Saint-Lazare à condition qu’il ne
s’arrête pas en route. Normalement " ça devrait le
faire ʺ mais vraiment de justesse. Je me renseigne quand même
sur le suivant pour Strasbourg : il y en a un toutes les heures.
A l’arrivée à Saint-Lazare précipitation dans le couloir :
certains ont encore encore moins de temps de correspondance que moi.
C’est alors qu’un charmant Monsieur me propose de porter mon sac
et de me conduire jusqu’au métro Magenta " au pas de
course ʺ , ce sont ses termes. Bon ! Il a l’air honnête.
Je lui fais confiance. C’est ainsi que j’ai traversé Paris avec
porteur. Il m’a dit qu’il venait d’Algérie, de Sétif et qu’il
était là depuis les années 90. " Moi, Monsieur, j’ai
vécu en Tunisie etc. etc.ʺ Deux potes qui évoquent leurs
souvenirs de guerre … enfin … si je puis me permettre … Il a
ajouté qu’il habitait actuellement Bonnières. (NDLR : à six
kilomètres de Gommecourt) mais qu’il ne s’y plaisait pas. " Les
trains ... ʺ Et on le comprend, les trains qui s’arrêtent
aux petites gares prennent encore moins soin de leurs personnes transportées. Il m’a donc emmenée jusqu’à Magenta au galop et
m’a quittée là. J’explique : Magenta n’est pas à
proprement parler une station de gare. On arrive dans le 10e rue
Lafayette et on doit marcher et traverser quelques rues pour arriver
Gare de l’Est. Ce n’est pas plus désagréable. On peut respirer
l’air frais du matin avant de s’engouffrer dans des espaces
confinés. Je parcours d’un bon pas le trajet par la rue d’Alsace
qui me conduit jusqu’à cette très chère gare de l’Est. Vous
connaissez les escaliers Rue d’Alsace ?? On les voit dans
certains films. Il fut un temps on pouvait y discerner des odeurs de
frites, d’urine mais surtout d’urine … Là encore quelqu’un
m’a aidée à porter mon sac. C’est incroyable ce que les cheveux
blancs ça inspire … !! Pas le temps d’acheter un sandwich !
Je monte dans le TGV qui part cinq minutes après !
Et commence la grande
aventure : c’est la première fois que je prends la ligne
Paris-Strasbourg …. Pas grand-chose à voir dehors … Plaine,
morne plaine … les Vosges ? le col de Saverne ? En rêve,
Marie-O ! Moi qui connais bien le trajet Paris-Lausanne (3h40)
je n’ai pas vu le temps passer. Pas d’arrêt ! Le tout
expédié en 1h50 ! Ma conclusion : hum ! ça vaudrait
peut-être le coup de s’offrir de temps en temps un petit week-end
à Strasbourg … ! Chers/Chères camarades … à votre bon
coeur !!
Strasbourg … c’est une
vieille copine ! J’y ai d’abord passé deux ans après le bac
jusqu’en 1968 et puis en 70 j’y suis retournée m’étant mariée
avec un étudiant de l’ENSAIS ce qui fait au total cinq années
passées dans la capitale alsacienne (à défaut de pouvoir dire " la
cité phocéenne ʺ….)
Il pleut. Mon amie
m’attend et nous montons toutes les deux en voiture au Mont
Sainte-Odile. Là … ce n’est plus la pluie mais un brouillard à
couper au couteau ! Cette atmosphère confère à l’ensemble
un air mystérieux voire mystique qui n’est pas pour me déplaire.
A défaut de neige ….
Installation - ma
chambre : d’une grande propreté (ma réaction : " on
se croirait en Suisse ! ʺ) et comme neuve. En plus, je
dispose de la seule chambre avec balcon auquel est accroché le
blason de l’évêque, Mgr Ravel, précédemment évêque aux Armées
et tout récemment nommé en Alsace. Il m’a fallu presque une
matinée pour trouver son blaison sur internet. Pas de télévision !
J’en suis ravie ! Ainsi je vais pouvoir écrire quelques
cartes …. Cela s’est avéré être un vœu pieux car l’altitude
faisant son effet je me suis vite trouvée complètement assommée !
La chambre de mon amie :
une suite ! Avec petit salon, bureau et télévision (sans doute
la seule de la partie hôtel) !
Samedi
matin : nous faisons un petit tour par la route à la Fontaine
Sainte-Odile. Enfant mes parents m’y avaient conduite plusieurs
fois …. Regardez-moi et vous pouvez constater le résultat … !
Là il y avait une dame qui avait apporté quatre bouteilles d’un
litre plus un jerricane …. Mon amie rejoint Strasbourg dans la
matinée. L’après-midi je fais connaissance avec les lieux. La
chapelle qui est passée au rang de Basilique, la chapelle des Larmes
(Sainte-Odile avait tellement pleuré que le sol s’était creusé),
la Chapelle des Anges, aux murs recouverts de magnifiques
céramiques. Impressionnant. Le tombeau de Sainte-Odile. Je prends
mon temps car l’ensemble ne s’étend quand même pas sur des
kilomètres. Je ne m’attarde pas sur la terrasse : c’est le
brouillard ! Par contre je découvre le cadran solaire, un bloc
gnomonique (c’està-dire comportant plusieurs cadrans, ici 24), qui
indiquent les heures de différentes villes et endroits du monde :
Constantinople, Alexandrie, Jérusalem, Inde, Japon etc …. Un
momument extraordinaire ! Je termine mon petit tour par " le ʺ
lieu où il faut aller : la boutique. On y trouve tout ce dont
le touriste, pardon, le pèlerin ou la pélerine, a besoin :
timbres, cartes postales, guides, cartes de randonnées etc … mais
aussi les produits dérivés comme les médailles et ce que je ne
connaissais pas, les œufs de cigogne, l’Eau d’Elle, l’Eau
d’Il et les petites bouteilles d’eau de
la fontaine pour recouvrer la vue …..…. Je reste abasourdie …
Les temps ont bien changé. Ce sera la seule photo que je joindrai.
Je n’ai pas pu couper l’ensemble des deux illustrations. Pour le
reste il y a tout sur internet. Mais là vous risquiez de ne pas me
croire !
Le dimanche, c’est
service à la place . On m’annonce le choix entre deux potages
dont l’un " soupe d’intestin ʺ .. tel quel !
J’aime l’aventure et c’est ce que je choisis : c’est de
la soupe de boudin … Je n’avais jamais gouté cela ! Cest
jour de fête et on nous annonce une choucroute ! J’aurais dû
la photographier et vous l’envoyer !
Nous sommes dans une belle
salle-à-manger toute en bois – je remarque que, dans ces régions
de l’Est, on trouve beaucoup de bois dans les maisons, comme chez
Ginette et André. J’avais oublié ce détail. J’aime bien. Cela
donne un aspect chaud, confortable et sécurisant.
Après le repas je me
trouve un bâton et en route pour Niedermunster annoncé par les
balisages comme pas trop long ! Niedermunster c’est l’endroit
où se trouve une ancienne abbaye fondée par Sainte-Odile. Il ne
reste que les ruines d’une église romane construite en 1150. Un
peu plus loin se trouve la ravissante chapelle Saint-Nicolas du XIIe
mais restaurée en 1845 qui semble posée au milieu de la vallée !
Le retour vers le Mont ne
me déçoit pas … !En descendant … je me disais … " ma
fille, quand il va falloir remonter ... ʺ. Et en effet …. !
200m de dénivelé pour une permière sortie c’est quand même pas
mal … enfin … pour moi !
Le lundi, dernier
jour complet, je m’offre un morceau du mur païen, enfin …. une
partie du circuit sud, avec un arrêt en cours de route au
Menelstein, un amas d’énormes rochers, d’où l’on a un
magnifique point de vue sur la plaine, ensoleillée cette fois.
Mardi matin
préparation des bagages, repas, un dernier au revoir à mes
montagnes, surtout celles du côté est, si belles si sombres, MES
montagnes, celles que je quitte toujours avec regret.
Règlement des quelques
suppléments … ah ! Que cette facture est douce ………. Le
taxi arrive à 14h et m’ emmène à la gare d’Obernai où je
prends un sympathique petit TER. Quand on quitte la région
parisienne on trouve ces petits trains, mignons, si propres et
toujours à l’heure. Si ! Si ! En plus ils ne sont pas
vraiment électrifiés. Un changement !
Arrivée à Strasbourg mon
amie m’attend. Nous prenons un dernier thé et en route pour le
TGV. Ce n’en est pas un à proprement parler mais un ICE qui vient
de Stuttgart, très propre et ma foi, fort confortable. Je n’ai pas
eu le temps de m’ennuyer : nous conversons avec Ginette par
textos ….. en allemand … que tu possèdes encore bien, Ginette !
Car il me semble que tu n’as pas, contrairement à moi, fait de
longs séjours dans le pays de Goethe … mais peut-être es-tu
encore en relation avec ta correspondante … A vérifier ! A
Paris il pleut. Je ne connais qu’un itinéraire, celui de la Rue
d’Alsace avec son fameux escalier et sa faune toute particulière …
ses joints énormes qui se fument sous le nez des policiers ….
Eh ! Bien ! là encore on m’a proposé de porter mon sac
de voyage. Beaucoup de voyageurs passent par là. Cependant il faudra
que jeme renseigne sur un itinéraire qui évite les escaliers.
L’avantage c’est qu’on n’est pas obligé de changer de métro.
Rue d’A1sace – quelques mètres à pied puis station Magenta et
de là : direct jusqu’à St Lazare où j’arrive sans
encombres et avec pratiquement une heure d’avance sur le train
prévu à 19h29. Tant pis ! C’est top tentant ! Il est
Je monte dans le train du Havre priant Sainte-Odile, Saint Hippolyte,
Saint Amarin et Sainte-Croix-aux Mines que le contrôleur ne passe
pas. ET …. il n’est pas passé ! Le miracle a bien eu lieu.
A Vernon je me rends en une dizaine de minutes à ma voiture. Elle
est toujours là !Encore un miracle ! La route de Giverny
est coupée et je passe par " le plateau ʺ. A
Gommecourt … plus d’inondations. À la maison régne une douce
température de 13° mais peu importe : les souvenirs
réchauffent mon coeur de pauvre exilée … Mon chat est très
heureux de me revoir : il arrivait à bout de ses victuailles !
Que dire en conclusion :
ce fut un merveilleux séjour qui m’a fait beaucoup de bien, qui
m’a remise en selle pour un bon bout de temps prête à affronter
tous les soucis …
MERCI les amis !
Merci ………… Merci ……………….
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