7.9.24

Chroniques d'Août 2024

par Georges Charles

Jeudi 1er Août

La solution à une crise politique ? Élire un autre peuple ! 

Manifestement, le vote du peuple des petites villes et des campagnes est très différent de celui du peuple des grandes métropoles. L’exemple le plus spectaculaire, aux dernières élections européennes, avait été donné par Paris où les résultats étaient le négatif parfait de la photographie électorale nationale : Glucksmann (22,86 %), Hayer (17,72 %), Aubry (16,76 %), Toussaint (10,70 %), Bellamy (10,49 %), Bardella (8,54 %). Comme si Paris et les grandes métropoles n’évoluaient plus dans le même fuseau horaire que le reste du pays.

Les partis de gauche, modérés et radicaux, ont perdu en vingt ans l’essentiel de leurs électeurs populaires, ouvriers et employés ; pourquoi ? Sur quels thèmes ont-ils cessé de convaincre des électeurs qui, jusqu’à la fin du siècle dernier, leur faisaient confiance ? C’est la seule question qui vaille. Parmi les réponses avancées par les partis de gauche, celle-ci : " les électeurs populaires du Rassemblement national sont manipulés, abusés ; leurs colères et leurs frustrations, légitimes, sont instrumentalisées par des démagogues de droite ". Ces malheureux électeurs seraient donc… un peu cons ! La seule question qui vaille est toujours la même : pourquoi, au XXIe siècle, lorsque les catégories populaires sont en colère et manifestent peurs et frustrations légitimes, setournent-elles vers la droite démagogue plutôt que vers la gauche démagogue ?

Dans les jours précédant les élections européennes, je lisais le dernier ouvrage de Jérôme Fourquet, La France d’après (2023). Connu pour ses précédents opus, L’archipel français (2019) et la France sous nos yeux (2021), cet analyste politique, spécialisé en géographieélectorale, s’intéresse aux déterminants des attitudes politiques et des comportements électoraux des Français. Cette lecture m’avait " préparé " à ce qui allait devenir réalité : le Rassemblement national est, de loin, le parti qui attire le plus de suffrages, presque autant que toute la gauche réunie. Aux législatives suivantes, le fameux front républicain du 2e tour, le vote-castor (animal spécialisé dans la construction de barrage), a permis de contenir cette poussée.

En conclusion, lorsque le peuple vote contre le gouvernement, il suffirait de dissoudre… le peuple. Die Lösung (La Solution) est un poème du dramaturge et poète allemand Bertolt Brecht, à propos de l’insurrection ouvrière de juin 1953 en Allemagne de l’Est, réprimée dans la violence par le gouvernement communiste, avec le soutien de troupes soviétiques :

Après l’insurrection du 17 juin,
Le secrétaire de l’Union des écrivains
Fit distribuer des tracts dans la Stalinallee.
Le peuple, y lisait-on, a par sa faute
Perdu la confiance du gouvernement
Et ce n’est qu’en redoublant d’efforts
Qu’il peut la regagner. Ne serait-il pas
Plus simple alors pour le gouvernement
De dissoudre le peuple
Et d’en élire un autre ?

 

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