par Georges Charles
Vendredi 2 juillet
Tant qu’on n’a pas la santé, on ne fait pas d’imprudences
Sur le papier et dans ma tête, tout allait bien. Dès l’assouplissement des règles de confinement, j’avais projeté de découvrir des terres qui n’attendaient que moi. Des " explorations " ? Voilà un bien grand mot ; j’avais par avance une description des lieux à connaître grâce à Internet, j’avais consulté des cartes de randonnées (la fameuse série bleue de l’lGN, au 1/20 000e) et au besoin, j’aurais recours au géopositionnement par satellite, le non moins fameux GPS. Les habitants de ces territoires me ressemblent et parlent la même langue que moi. Rien à voir avec les périlleux périples de certains explorateurs françaisdu XIXe siècle en Afrique, René Caillié traversant le Sahara déguisé en mendiant, Savorgnan de Brazza grelottant de fièvre sur les bords de l’Ogooué, au Gabon.
Randonnées, baignades et découvertes, si possible loin de la foule, avec le silence pour compagnon : vallées de la Dordogne, du Lot et du Célé ; Causse de Sauveterre et gorges du Tarn ; vallée d’Aure, entre Haute-Garonne et Hautes-Pyrénées ; côte languedocienne, d’Agde au Grau-du-Roi… Programme attrayant ! Revu singulièrement à la baisse depuis que j’ai constaté que je ne pouvais plus marcher sans douleur.
De quoi s’agit-il ? De nouveau, une artère bouchée à la jambe droite ; ce ne sera que la troisième fois ! Une opération sera-elle possible ? Tout dépendra des résultats d’un angioscanner, fin août. En attendant, les conseils de l’angiologue et du chirurgien convergent : il faut marcher, avec la douleur, contre la douleur ; attendre le plus longtemps possible avant d’être obligé de s’arrêter. « Marchons, marchons, qu’un sang impur… ! » En un mois et demi, un très modeste progrès, à savoir marcher au moins une heure sans s’arrêter, en compagnie d’une douleur stabilisée.
Lors de précédentes périodes de mobilité pédestre réduite, j’avais remarqué que mon attention était attirée par le spectacle de piétons manifestant des difficultés à la marche, les vieux et leur lenteur mesurée, les personnes en surpoids se dandinant, les claudiquants, les clopinants, ceux qui ne sortent jamais sans leur canne ou leur déambulateur. Les autres, ceux qui marchent sans effort, n’ont pas conscience de leur bonne fortune.
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