6.10.18

Le poteau rose

par Gabriel Barnet
 
Amis de l'académie du Préfa, bonjour

Grand merci aux jurés qui ont pensé me nominer pour la réalisation de mon court métrage, tourné à Giverny, en septembre 2017 :

« Pass'ouar la gamelle que j'touille la salade ».

J'en suis flatté, d'autant plus flatté qu'il est bien connu que ceux qui disent du bien de vous sont toujours des personnes intelligentes et intéressantes. Si ! Si !

Je suis très satisfait de constater que ce court métrage ait donc brillamment réussi à mettre en exergue l'odorante fugacité et l'émouvante délicatesse des sentiments exprimés au cours d'une mémorable soirée. La mise en Seine s'est attachée à les traduire le plus intensément et le plus fidèlement possible, malgré certaines conditions dantesques provoquées et alimentées par un projet culinaire des plus originaux, un brusque vent de folie à l'office, une suicidaire varappe de Claude pour accéder à la dernière étagère du bahut deux corps, un quiz démoniaque donnant le tournis à notre hôtesse, … enfin bref un flash expressionniste chez les impressionnistes.

Aussi, c'est avec un immense plaisir, non dissimulable, que j'apprends cette nomination, premier tremplin vers une réception de ce prix si prestigieux et si convoité, décerné par notre docte académie.

Comme je ne m'y attendais pas, je n'ai rien préparé. Me voilà tout couillon en haut de l'estrade. Je suis donc bien dans une ambiance habituelle, bien rodée, style remise des Césars. Rien que du normal.

En revanche, je ferai dans l'original en ne vous assommant pas d'une fastidieuse et ennuyeuse litanie de merci.

Je n'adresserai qu'un seul merci ...
 ... en direction du public / jury dont la finesse, le raffinement et la clairvoyance constituent autant de poêles à frire, susceptibles de dénicher les véritables talents, si profondément enfouis soient-ils.

Je ne dirai donc pas
 … merci ... à mes paroliers, nègres de l'ombre, sans lesquels la page blanche et vierge est condamnée à ne s'apparenter à tout jamais qu'à une stérile et immaculée conception intellectuelle

merci ... au petit Jésus qui, malgré ses 7 milliards de patients au compteur, n'oublie jamais de me faire la mensuelle petite piqûre de rappel en dopamine

... merci … à Emmanuel Kant dont l'examen trop tardif mais très approfondi de ses "Fondements" fut pour moi une révélation, en me faisant prendre conscience de l'impérieuse nécessité de faire de la vie une fête continuelle. «Tu dois donc tu peux ! ». Mais bon sang, mais c'est bien sûr !

.. merci … à Henri Bergson dont le Rire si chaudement communicatif invite, lui aussi, à considérer l'existence comme un perpétuel amusement.

... merci … au camarade Michel T. dont les audacieuses pitreries et les étonnantes éblouissures étaient capables de faire sortir de son semi coma l'élève enraciné en fond de classe ; subitement réveillé, ce dernier pensait vivre alors le côté rigolard de la "Métaphysique des mœurs".

merci … à maman.

Je termine toujours par maman. Ca lui fait plaisir et en plus elle doit quand même y être pour quelque chose dans c't'histoire, non ?
***
Bref ! Venons-en au fait.

Tous ces prolégomènes pour vous informer de ma probable décision de présenter un petit spectacle … à ma sauce ; peut-être à l'automne 2019, si je me sens prêt et … si je ne me déballonne pas à la dernière minute.

Le sage aurait dit que c'est parce nous n'osons pas que c'est difficile et non l'inverse.

Que voilà une saine réflexion qui décrasse le carburateur.
"To bid or not to bid ? ", peu importe donc. Osons !

Mon intention est de reprendre des sketches des mois, années ou décennies passées, de les dépersonnaliser pour certains et de les "pinçeàlinger" sur un improbable fil rouge qui se déviderait en fonction du scénario imaginé et, de préférence, en interaction avec le public.

Le show serait intitulé :
( « Gaby va faire son intéressant dans ...)
... Le poteau rose ».


NB1. L'entrée sera évidemment gratuite pour les anciens combattants de la classe Philo 1965, alors qu'elle sera non payante pour les autres spectateurs.

NB2. Je ne commencerai pas au stade de France mais dans une salle ou un théâtre de verdure de hameau, niché en Basse Moselotte. Je n'éprouve aucune inquiétude quant à l'espace public, dans la mesure où, magicien à mes heures, j'ai appris à transformer un public de 50000 personnes en un public de 50.
 

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