par Georges Charles
Lundi 3 septembre
La boîte magique des mots
Mon petit-fils William gardera de bons souvenirs de ses vacances, notamment de cette journée sur la plage de Contis (Landes) où il avait attrapé un tractopelle volant. L’engin paraît bien minuscule dans la main du géant William-Gulliver. C’est aujourd’hui la rentrée.
Il entre en deuxième année de maternelle. Qu’a-t-il appris, jusqu’à présent ? Comment s’est opérée la fusion entre ce que sa famille lui transmet et les apprentissages à l’école ?
Le rencontrant régulièrement, j’ai pu constater l’enrichissement permanent de son vocabulaire. Dès lors qu’il comprend que je comprends ce qu’il dit, la complicité s’instaure.
Le premier mot. L’âge d’apparition du premier mot se situe entre 8 et 14 mois. Ce premier mot a plus de signification pour l’enfant qu’il n’en a pour l’adulte, c’est pourquoi on le qualifie de " mot-phrase " car il ne renvoie pas seulement à un objet, mais à une action ou une situation.
J’ai le souvenir du premier mot prononcé distinctement par ma jeune soeur. Nous sommes dans les années 1950 dans la cuisine de la maison familiale ; un meuble sert à entreposer des bûches de bois pour alimenter la cuisinière (et il faut l’alimenter souvent, en hiver, dans les Vosges) ; c’est la " caisse à bois " et ce mot est dit maintes fois : « il faudra remplir la caisse à bois ! », « prend une bûche dans la caisse à bois ! », « pose ça sur la caisse à bois ! » Alors, dans le silence, elle dit un jour : « caisse à bois ! ». Comment ça s’écrit ? Kèsaboi ? Kéçaboi ?
Autour de 12 mois, l’enfant dit ses premiers mots. Vers 18 mois, il en aura une cinquantaine dans son vocabulaire, qu’il est capable de combiner pour composer de courtes phrases. À 2 ans et demi, l’enfant dit 100 mots et en comprend 200. Au-delà de ce répertoire, la vitesse d’acquisition s’accroît, le vocabulaire s’enrichit et les phrases se complexifient. Autour de 4 ans, les enfants commencent à agir volontairement sur autrui par le langage et à se représenter l’effet qu’une parole peut provoquer. Un enfant de 6 ans qui a passé trois ans en école maternelle possède environ 2 000 mots ; un enfant resté au domicile, 500.
Pour retrouver le souvenir de mes propres apprentissages, il faudrait que je feuillette des livres de lecture et de calcul du primaire des années 1950. Avec une patience mesurée, j’attends que William entre dans l’univers du " lire, écrire, compter " pour m’émerveiller à nouveau.
Lire la suite ...