par Georges Charles
Vendredi 2 avril
Depuis 27 ans, je réside à l’intérieur d’un quadrilatère de quelques centaines de mètres, dans l’hyper centre de Toulouse, entre le Monument aux Morts et la place Wilson. Étant locataires, nous sommes à la merci du désir des propriétaires de récupérer leur bien pour y habiter. Pour ne pas interrompre la scolarité des enfants, nous choisissons à chaque déménagement une nouvelle adresse, la plus proche possible de la précédente.
Cela donne une forte familiarité avec les rues, les places, les façades, les bruits et les odeurs qui caractérisent ce quartier. A l’insu des citadins qui le fréquentent dans la journée, pour ses commerces, ses administrations, ses cafés, ses restaurants et ses cinémas, les autochtones que nous sommes se reconnaissent et se perçoivent comme familiers ; nous prenons l’habitude de saluer des gens dont nous ne connaissons rien, sinon qu’ils vivent, eux aussi, dans ce quartier.
Lorsque j’ai entrepris de tenir ce journal, avec l’assiduité qui sied au genre, j’ai négligé mon enquête initiale, celle sur la « suffisance française » et ses effets délétères. Avec plus de temps disponible, je reviendrai sur cette longue histoire qui commence à Rocroi en 1643 et déroule ensuite ses fastes en monarchie absolue et centralisée, en Ire République qui en reprend bien des aspects, en empires, en IIIe République colonialiste, en IVe République qui meurt de n’avoir su se défaire de ce lourd héritage, en Ve République qui nous offre, en guise de stabilité politique, le cirque récurrent de l’élection du président au suffrage universel. Contraints de promettre à tout un peuple, les candidats ne reculent devant rien et construisent des songes creux comme d’autres enfoncent des portes ouvertes.
Chichi élu en 1995 parce qu’il promettait de « réduire la fracture sociale » ? Ah bon ? Les autres candidats, dont un certain Lionel Jospin, se promettaient-ils de leur côté de l’aggraver ? Chichi avait déçu. Nini élu en 2007 parce qu’il promettait de faire « gagner plus à ceux qui veulent travailler plus » ? Il a déçu à son tour. La réputation de finesse politique des Français ne serait-elle pas surfaite ? Ségolène Royal aurait certainement déçu lorsqu’il aurait fallu passer aux travaux pratiques pour instaurer son fameux « ordre juste ».
La suffisance française est affligeante et ridicule lorsqu’elle s’incarne dans les comportements monarchiques et parvenus des gouvernants. L’affaire Joyandet fournit un bon exemple, lorsque le don d’ubiquité coûte cher aux contribuables. Devant être présent aux Antilles et à Paris presque simultanément, le secrétaire d’Etat a eu recours à un jet privé pour 116 500 €.
Dans un premier temps, ses chargés de communication lui avaient fourni des éléments de langage : « il était occupé qu’il soit aux Antilles et à Paris », « le recours à un avion gouvernemental, facturé au ministère des Affaires étrangères, auraitcoûté à peu près 100 000 euros ». Cette défense devient inopportune dès lors qu’une note des
services du Premier ministre précise qu’à l’avenir « le recours aux compagnies commerciales privées doit demeurer exceptionnel » et « doitdésormais faire l’objet d' une autorisation du cabinet du Premier ministre ».
A cette occasion, commentateurs et journalistes établissent une douloureuse comparaison avec le comportement civique et démocratique des gouvernants du nord de l’Europe. Pour se rendre quelque part, le responsable politique français loue un jet privé quand les autres prennent un avion de ligne.
Depuis 27 ans, je réside à l’intérieur d’un quadrilatère de quelques centaines de mètres, dans l’hyper centre de Toulouse, entre le Monument aux Morts et la place Wilson. Étant locataires, nous sommes à la merci du désir des propriétaires de récupérer leur bien pour y habiter. Pour ne pas interrompre la scolarité des enfants, nous choisissons à chaque déménagement une nouvelle adresse, la plus proche possible de la précédente.
Cela donne une forte familiarité avec les rues, les places, les façades, les bruits et les odeurs qui caractérisent ce quartier. A l’insu des citadins qui le fréquentent dans la journée, pour ses commerces, ses administrations, ses cafés, ses restaurants et ses cinémas, les autochtones que nous sommes se reconnaissent et se perçoivent comme familiers ; nous prenons l’habitude de saluer des gens dont nous ne connaissons rien, sinon qu’ils vivent, eux aussi, dans ce quartier.
Lorsque j’ai entrepris de tenir ce journal, avec l’assiduité qui sied au genre, j’ai négligé mon enquête initiale, celle sur la « suffisance française » et ses effets délétères. Avec plus de temps disponible, je reviendrai sur cette longue histoire qui commence à Rocroi en 1643 et déroule ensuite ses fastes en monarchie absolue et centralisée, en Ire République qui en reprend bien des aspects, en empires, en IIIe République colonialiste, en IVe République qui meurt de n’avoir su se défaire de ce lourd héritage, en Ve République qui nous offre, en guise de stabilité politique, le cirque récurrent de l’élection du président au suffrage universel. Contraints de promettre à tout un peuple, les candidats ne reculent devant rien et construisent des songes creux comme d’autres enfoncent des portes ouvertes.
Chichi élu en 1995 parce qu’il promettait de « réduire la fracture sociale » ? Ah bon ? Les autres candidats, dont un certain Lionel Jospin, se promettaient-ils de leur côté de l’aggraver ? Chichi avait déçu. Nini élu en 2007 parce qu’il promettait de faire « gagner plus à ceux qui veulent travailler plus » ? Il a déçu à son tour. La réputation de finesse politique des Français ne serait-elle pas surfaite ? Ségolène Royal aurait certainement déçu lorsqu’il aurait fallu passer aux travaux pratiques pour instaurer son fameux « ordre juste ».
La suffisance française est affligeante et ridicule lorsqu’elle s’incarne dans les comportements monarchiques et parvenus des gouvernants. L’affaire Joyandet fournit un bon exemple, lorsque le don d’ubiquité coûte cher aux contribuables. Devant être présent aux Antilles et à Paris presque simultanément, le secrétaire d’Etat a eu recours à un jet privé pour 116 500 €.
Dans un premier temps, ses chargés de communication lui avaient fourni des éléments de langage : « il était occupé qu’il soit aux Antilles et à Paris », « le recours à un avion gouvernemental, facturé au ministère des Affaires étrangères, auraitcoûté à peu près 100 000 euros ». Cette défense devient inopportune dès lors qu’une note des
services du Premier ministre précise qu’à l’avenir « le recours aux compagnies commerciales privées doit demeurer exceptionnel » et « doitdésormais faire l’objet d' une autorisation du cabinet du Premier ministre ».
A cette occasion, commentateurs et journalistes établissent une douloureuse comparaison avec le comportement civique et démocratique des gouvernants du nord de l’Europe. Pour se rendre quelque part, le responsable politique français loue un jet privé quand les autres prennent un avion de ligne.
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