par Georges Charles
Vendredi 3 mars
On nous cache tout, on nous dit rien ; 14e partie, La face cachée du " Monde ", 2003
Lors de mon séjour à l’hôpital, en février 2003, un collègue avait eu la bonne idée de m’offrir un livre-pamphlet qui venait de paraître, La face cachée du Monde (1), de Pierre Péan et Philippe Cohen. Un soir, à la télévision, je découvrais le triumvirat qui dirigeait à l’époque le quotidien dit " de référence " ; il venait répondre aux attaques lancées par les auteurs. L’ouvrage, résultat de deux ans d’enquêtes, avait connu un succès commercial peu commun, atteignant 60 000 exemplaires vendus le premier jour et plus de 200 000 au total.
La direction du " Monde ", quel attelage ! L’intriguant Jean-Marie Colombani, le libéral Alain Minc, le gauchiste Edwy Plenel. Les Pieds nickelés du journal.
Les Pieds nickelés est une série de bande dessinée publiée pour la première fois le 4 juin 1908, dans la revue " L’Épatant ". Elle détient le record de longévité pour une bande dessinée française : 107 ans, jusqu’en 2015. La série met en scène trois personnages, Croquignol, Filochard et Ribouldingue, trois filous, à la fois escrocs, hâbleurs et fainéant.
Alain Minc, Filochard
Edwy Plenel, Ribouldingue
Selon Péan et Cohen, le trio qui avait conquis en 1994 la direction du " Monde " aurait installé le journal au coeur des réseaux de pouvoir français. Du soutien supposé à Balladur lors de la campagne électoralepour la présidentielle en 1995, à l’appui au processus de Matignon en Corse, lancé par Lionel Jospin en 2000, en passant par des campagnes contre les « nouveaux réactionnaires », le quotidien soutenait ou discréditait hommes politiques, patrons et intellectuels, selon ses intérêts propres et ses choix partisans. Usant de son pouvoir d’intimidation, " LeMonde " aurait insidieusement glissé de son rôle de contre-pouvoir vers l’abus de pouvoir permanent.
Au terme d’une procédure de médiation, les auteurs avaient accepté de ne procéder à aucun retirage du livre ; en échange, les dirigeants du " Monde ", qui réclamaient deux millions d’euros de dommages et intérêts, renonçaient à leurs plaintes pour diffamation.
(1) La blague avait été faite : la « farce cachée du Monde ».