par Georges Charles
Mardi 2 avril
En passant par la Lorraine ; 15e partie, la morale en politique
Qui est Jean-Pierre Masseret ? Ancien sénateur PS de Moselle jusqu’en 2017, ancien président du Conseil régional de Lorraine. Le 6 décembre 2015, au premier tour de l’élection régionale en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne, sa liste arrive en 3e position avec 16,1 % des voix, derrière le Front national (36,1 %) et la droite (25,8 %). Malgré les consignes de son parti, il refuse de retirer sa liste ; au second tour, il finit en 3e position avec 15,2 % des voix et le FN, conduit par Florian Philippot, s’incline face à la droite, 36,08 % contre 48,40 %. Pourquoi parler de Masseret ? À cause de ce qui suit : dans un rapport sur sa gestion du Conseil régional de Lorraine entre 2010 et 2015, la Chambre régionale des comptes a fait état d’« irrégularités et d’importants dysfonctionnements de gestion ». Plusieurs enquêtes judiciaires sont ouvertes. Quelques exemples :
· Pour 2013, cinq membres de son cabinet se sont vus crédités de 1 208 heures supplémentaires…sans justification.
· Un conseiller de Masseret percevait trois types d’indemnités de service ; l’une d’elle lui avait rapporté, entre 2010 et 2014, 250 530 €, « sans aucune base légale ».
· Les fastueuses agapes du directeur général des services :entre 2010 et 2014, 35 870 € de frais de bouche remboursés sans justificatif ou avec des notes portant la vague mention « repas avec élus » (1).
La Lorraine, ce n’est pourtant pas très loin de la Suède et de l’Allemagne, où les principes de morale en politique sont d’une autre nature.
Suède : en 1995, Mona Sahlin, numéro deux du gouvernement social-démocrate, démissionne à cause de deux barres de Toblerone qu’elle avait eu le malheur de régler avec sa carte de crédit de fonction.
Suède encore : en 1996, deux ministres démissionnent, l’une avait payé une nourrice au noir, l’autre, ministre de la Culture, n’avait pas acquitté la redevance télé pendant 16 ans.
Suède toujours : en août 2016, la jeune ministre de l’Éducation Aida Hadžialić, 29 ans, présentée comme l’avenir de la social-démocratie, a dû démissionner pour conduite en état d’ivresse, avec 0,2 g d’alcool par litre de sang.
Allemagne : En 1993, le vice-chancelier d’Helmut Kohl, JürgenMöllemann, quitte son poste de ministre ; sa faute, avoir utilisé le papier à en-tête officiel du ministère pour recommander l’entreprise du cousin de sa femme auprès de chaînes de magasins. En 2002, le chancelier Gerhard Schröder démet Rudolf Scharping de ses fonctions de ministre de la Défense ; celui-ci avait perçu 70 000 € pour des conférences, la loi allemande interdisant à un ministre de percevoir des honoraires durant son mandat. Soupçonné d’avoir bénéficié d’un prêt de 500 000 € de la part d’un homme d’affaires, le président de la République allemande, Christian Wulff a démissionné en 2012.
1 " Le Canard Enchaîné ", 22 février 2017.
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