5.11.13

Chroniques d'Octobre 2013

par Georges Charles

Mardi 2 octobre

La paranoïa me guette. Dès que je reçois au courrier une enveloppe avec, en haut à gauche, le timbre officiel d’un ministère (sans lunettes, je ne fais que deviner…), je m’affole ; je crains que le ministère de l’Économie et des Finances ne m’annonce la création d’un impôt supplémentaire auquel je serais assujetti. Ce doit être ma manière personnelle de vivre le ras-le-bol fiscal !
Les uns disent " blanc ", les autres disent " noir ", sur tout et n’importe quoi. Sur l’intégration des Roms et des Kosovars dans la société française, le changement des rythmes scolaires, la pression fiscale, le travail dominical, la taxe à 75% sur les clubs de football professionnels, les destructions d’emplois dans l’agroalimentaire breton.
Tout cela pour aboutir à " cinquante nuances de gris ". Je prends mes distances à l’égard de ces fondamentales questions pour me consacrer à l’essentiel, la vie quotidienne d’un chroniqueur à Toulouse en octobre 2013.

Mon malaise est patent : les décideurs en tous genres, politiques, entrepreneurs, experts, ont une responsabilité devant les citoyens, celle d’élever le débat ou tout au moins de dresser la tête quand ils marchent et quand ils pensent. Or, ces gens ne semblent pas " à la hauteur " de cette responsabilité. Cela fait quarante ans que ça dure, depuis le milieu des années 1980 où, face à la construction européenne et à l’émergence de nations-continents concurrentes, tous les présidents français sans exception ont fait preuve d’une " vision géopolitique " digne de celle d’un conseiller général, mais on n’attend pas d’un conseiller général qu’il ait une vision géopolitique…

Malaise comparable à celui que l’on éprouve devant des acteurs jouant du Feydeau quand les temps appellent le drame historique shakespearien ! Malaise devant ceux qui rabâchent inlassablement des mantras fatigués sur la république, la liberté, l’identité nationale, la créativité, la démocratie, la solidarité, l’esprit d’entreprise, l’humanisme…ces fameuses " valeurs " attrape-tout.

De la droite à la gauche, de l’extrême-droite à l’extrême-gauche, s’exhale une odeur de IIIe République, années 1930.