Si vous êtes parés à entendre nouvelles fantastiques et drolatiques, oyez, oyez la narration de la chevauchée, dans les marches vosgiennes du duché de Lorraine, en l’an de grâce 2008, de noble dame Ginette, de noble dame Annette et de non moins noble dame Dominique, galamment flanquées de messire Claude, comte du val Roff et de Gabriel, son féal écuyer.
Ce seigneurial équipage se met en quête d’un inté...Grâl lieu d’hospitalité, susceptible d’offrir le gîte et le couvert à toute une assemblée de gens de grande qualité, venant tout spécialement de France et du Saint Empire Romain Germanique, pour les traditionnelles et trisannuelles grandes festivités de septembre.
Après avoir fait honneur à quelques pichets de cervoise dans un sympathique estaminet de Vagney, tout ce petit monde chamarré est emporté par de fougueux destriers, jusques à la taverne de la Mauselaine, amoureusement blottie dans les contreforts montagneux de Gérardmer, gardant un œil audacieusement fixé sur les étincelants sommets neigeux , tout en épiant (avec l’autre), en bas le versant, les sombres étendues lacustres dont un inquiétant monstre marin, à en croire le troubadour local don Martin, hanterait encore présentement les bas fonds.
La susdite taverne eut l’heur de grandement plaire ; il restait néanmoins à en visiter trois autres, dont deux dans la dangereuse rivale vallée de La Bresse. Gentilles dames et gentilshommes (tout le monde est gentil) passent le col de Grosse Caillasse, s’acquittent de l’octroi et arrivent au village sur les coups de midi. Estomac dans les talons, … du mou dans la réflexion. Dont acte. Sur judicieux conseil de dame Annette, grande experte ès marmites, tout ce beau monde va se panse remplir et gargamelle adoucir chez … (pas de publicité avant 21h). L’hydromel coule à flot pour fêter la naissance de Matias, petit-fils de messire Claude.
Après le rôt de la tête de veau, le trot des chevaux. Les fougueux destriers (un peu moins fougueux, à présent, pour être honnête) quittent La Bresse, remontent la vallée du Chajoux, verrouillée par l’imposante gargote / forteresse du Pont du Metty. Le seigneur du lieu reçoit ses hôtes, ma foi, fort aimablement, lesquels apprécient également icelui lieu, estomaqués notamment d’y découvrir une baignoire capable d’accueillir tout un escadron, mais trouvent le château un tantinet trop vaste. NB. Les peintures ci-dessous représentent les hôtes/chevaliers sur le pont-levis ; si on gratte un tant soit peu le palimpseste, même un œil non averti constate que les montures ont été habilement et scandaleusement effacées. Etonnant, non ?
C’est encore sous l’emprise de la féerique traversée des landes et des feignes endormies, emmitouflées dans leur immaculé manteau d’hermine, que le groupe déboule dans la vallée de la Vologne, fonce sur le Chalet d’Artimont, l’écume aux lèvres (les chevaux, bien sûr) et le visite avec une rapidité que l’absence du gargotier peut en partie expliquer. Quand vous avez connu le mieux, même le bien ne vous satisfait plus.
Dernière difficulté de la journée, Frère Joseph. Après visite même superficielle, le pari est fait que convivialité, intimité et petits prix (dame Ginette doit recevoir un devis) risquent d’être moins au rendez-vous.
Retour à la case départ ; les chevaux réintègrent leur parc ; les cavaliers prennent le thé, devisent, et, à l’unanimité, choisissent l’auberge de la Mauselaine pour tantôt y festoyer, danser et tournoyer.
Texte de Gabriel - Photos d'Annette